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lundi 30 juin 2025
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cochenille cactus - ph : DR

Des variétés de figuiers de barbarie résistantes à la cochenille pour sauver l’agriculture

Depuis son apparition à Mahdia en 2021, la cochenille du cactus (Dactylopius opuntiae) s’est rapidement propagée à travers le territoire tunisien, menaçant gravement la filière du figuier de barbarie. En juin 2025, neuf gouvernorats sont officiellement touchés, dont Sidi Bouzid, Kairouan, Nabeul, Kasserine et Siliana. Cette infestation a causé la destruction de milliers d’hectares de plantations, mettant en péril une culture emblématique de l’agriculture tunisienne, à la fois source de revenus, de fourrage et de lutte contre l’érosion.

Selon l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), les traitements chimiques appliqués depuis 2022 n’ont permis qu’un ralentissement temporaire de la propagation. Comme l’a déclaré Adel Karim, membre du bureau exécutif de l’UTAP, le 27 juin 2025, « il est impossible de stopper totalement la cochenille, mais on peut contenir sa progression ».

La solution durable : des variétés résistantes

Face à l’inefficacité des méthodes traditionnelles et chimiques à grande échelle, le ministère de l’Agriculture a opté pour une stratégie à long terme : la sélection et la diffusion de variétés de cactus résistantes à la cochenille. Ce programme, lancé en 2023 en partenariat avec l’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT) et l’IRESA, a permis l’identification de trois variétés locales naturellement tolérantes à l’insecte ravageur. Ces variétés ont été multipliées in vitro, puis testées sur le terrain dans plusieurs régions pilotes, notamment dans le Sahel, à Kasserine et à Sidi Bouzid. Les résultats sont prometteurs : les plantations expérimentales affichent un taux de résistance proche de 100 %, sans recours à des traitements chimiques intensifs.

Une stratégie nationale en cours de généralisation

Depuis début 2024, le ministère a entamé la généralisation progressive de ces variétés résistantes. À la fin du premier semestre 2025, plus de 1 200 hectares de figuiers de barbarie résistants ont été plantés dans les zones les plus touchées. L’objectif est d’atteindre 5 000 hectares d’ici 2027, avec un soutien logistique et financier aux agriculteurs concernés. Parallèlement, des actions de sensibilisation et de formation sont menées auprès des producteurs, en collaboration avec les commissariats régionaux de l’agriculture. Ces sessions visent à accompagner la transition vers des pratiques plus durables et à renforcer la résilience des exploitations rurales.

Lutte biologique et coopération régionale

En complément des plantations résistantes, la Tunisie a lancé en juin 2024 un programme de lutte biologique, en partenariat avec le Maroc et la FAO. Des coccinelles prédatrices de la cochenille ont été introduites dans plusieurs zones infestées, notamment à Nabeul et Gafsa. Cette méthode, bien que plus lente, présente l’avantage de respecter les équilibres écologiques et de s’intégrer dans une approche agroécologique globale. lire aussi Lutte contre la cochenille à Kasserine : une mobilisation pour sauver le cactus et l’économie locale

Enjeux économiques et sociaux

La figue de barbarie représente bien plus qu’une culture traditionnelle. Elle couvre environ 600 000 hectares en Tunisie et constitue une source de revenus pour plus de 150 000 familles rurales. Elle est également utilisée comme fourrage alternatif, notamment en période de sécheresse, grâce à ses raquettes riches en eau et en énergie. La perte de cette culture aurait des conséquences dramatiques sur l’économie rurale, la sécurité alimentaire et la biodiversité. C’est pourquoi la réussite du programme de variétés résistantes est perçue comme un enjeu stratégique national.

Perspectives et défis

Si les résultats actuels sont encourageants, plusieurs défis restent à relever. La multiplication des plants résistants doit être accélérée pour répondre à la demande croissante. De plus, la surveillance phytosanitaire doit être renforcée pour éviter l’apparition de nouvelles souches de cochenille plus agressives.

Enfin, la réussite de cette transition dépendra aussi de la capacité des institutions à mobiliser les financements nécessaires, à impliquer les agriculteurs et à intégrer ces solutions dans une politique agricole durable.

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