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samedi 19 juillet 2025
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Fourrages
Fourrages - photo : DR

Vers une agriculture résiliente : recommandations clés de l’atelier national sur les ressources fourragères à Sidi Bouzid

Le 25 juin 2025, le Centre Régional de Recherches Agricoles (CRRA) de Sidi Bouzid a accueilli un atelier national d’envergure, placé sous le thème : « Valorisation des ressources fourragères locales et alternatives pour renforcer la durabilité des systèmes de production animale ». Cet événement s’inscrit dans le cadre du projet VSPA-SBZ, une initiative soutenue par l’IRESA (Institution de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur Agricoles), visant à répondre aux défis croissants posés par le changement climatique sur l’élevage en Tunisie.

Un contexte climatique alarmant

La région de Sidi Bouzid, située au centre de la Tunisie, est particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique. Ces dernières années, elle a connu une baisse significative des précipitations, avec une moyenne annuelle tombée sous les 200 mm dans certaines zones, contre plus de 300 mm il y a deux décennies. Cette aridité croissante affecte directement la disponibilité des ressources fourragères naturelles, essentielles à l’alimentation du cheptel local, composé majoritairement de petits ruminants.

Objectifs et enjeux de l’atelier

L’atelier du 25 juin a réuni des chercheurs, des agriculteurs, des représentants d’organisations professionnelles agricoles, ainsi que des décideurs politiques. L’objectif principal était de partager les résultats de recherches récentes sur les fourrages alternatifs, d’évaluer leur potentiel d’adoption à grande échelle, et de proposer des stratégies concrètes pour renforcer la résilience des systèmes d’élevage.

Parmi les thématiques abordées lors de l’atelier figurait en premier lieu l’introduction de plantes fourragères résistantes à la sécheresse, telles que le panicum, le sorgho fourrager ou encore le cactus opuntia, qui offrent des alternatives viables dans un contexte d’aridification croissante. Ces espèces, particulièrement adaptées aux conditions climatiques de Sidi Bouzid, permettent de garantir une alimentation plus stable du cheptel en période de stress hydrique. Un second axe a porté sur la valorisation des résidus agricoles, notamment les fanes de légumes et les déchets issus des cultures maraîchères, dont certaines peuvent générer jusqu’à 40 tonnes par hectare comme c’est le cas pour la fève. Ce potentiel encore largement sous-exploité offre des opportunités concrètes pour diversifier les sources de fourrage tout en réduisant le gaspillage agricole. En complément, l’intégration de pratiques agroécologiques a été mise en avant comme levier clé pour améliorer la fertilité des sols, renforcer leur capacité de rétention d’eau et restaurer les équilibres écologiques des systèmes de production. Enfin, les participants ont eu accès à des données concrètes sur les ressources locales disponibles, présentées sous forme de résultats d’enquêtes et d’analyses régionales, permettant d’ancrer les discussions dans la réalité du terrain et de calibrer les solutions proposées en fonction des besoins spécifiques de la région.

Des données concrètes sur les ressources locales

Une étude présentée lors de l’atelier a révélé que dans la région de Sidi Bouzid, les cultures maraîchères génèrent chaque année plus de 100 tonnes de résidus d’oignon, 74 tonnes de pastèque, et des quantités significatives de piment, tomate et ail. Ces sous-produits, souvent négligés ou abandonnés sur les marchés (jusqu’à 52 % selon les enquêtes), pourraient être transformés en aliments pour bétail, réduisant ainsi la dépendance aux aliments importés et coûteux.

Vers une économie circulaire rurale

L’un des messages forts de l’atelier a été la nécessité de passer d’un modèle agricole linéaire à une approche circulaire. Cela implique non seulement la réutilisation des déchets agricoles, mais aussi la mise en place de filières locales de transformation, de stockage et de distribution des fourrages alternatifs. Des coopératives d’éleveurs ont partagé leurs expériences réussies dans la fabrication artisanale de blocs fourragers à base de résidus végétaux, une solution économique et adaptée aux réalités rurales.

Perspectives et recommandations

À l’issue de la journée, plusieurs recommandations prioritaires ont émergé des échanges. Il a d’abord été souligné l’importance de renforcer la recherche appliquée sur les espèces fourragères locales, en particulier celles qui présentent une bonne adaptation aux conditions arides, afin de consolider les bases scientifiques des pratiques d’élevage durable. En parallèle, le développement de partenariats public-privé a été vivement encouragé, notamment pour créer des unités locales de valorisation des déchets agricoles, dans une logique d’économie circulaire et de développement territorial intégré. La nécessité d’intégrer dans les cursus de formation agricole des modules spécifiques sur la gestion durable des ressources fourragères a également été mise en lumière, avec une attention particulière portée à la formation des jeunes agriculteurs, appelés à jouer un rôle clé dans la transition agroécologique. Enfin, l’atelier a insisté sur le besoin d’un appui institutionnel fort et cohérent, à travers des mécanismes de soutien comme les appels à projets récemment lancés dans le cadre du programme VRRA 2024, destinés à accompagner les initiatives locales innovantes et renforcer la résilience des exploitations face au changement climatique.

Conclusion

Face à l’urgence climatique, la valorisation des ressources fourragères locales n’est plus une option, mais une nécessité stratégique pour la durabilité de l’élevage en Tunisie. L’atelier de Sidi Bouzid a marqué une étape importante dans cette dynamique, en réunissant les acteurs clés autour d’une vision commune : celle d’une agriculture résiliente, circulaire et ancrée dans les réalités du territoire.

 

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