Le vendredi 20 juin 2025, la ville de Tozeur a accueilli une séance de travail stratégique présidée par le ministre de l’Agriculture, Ezzeddine Ben Cheikh, en présence du gouverneur Chahine Zribi, de représentants du Parlement, du Conseil national des régions et des districts, ainsi que de nombreux cadres régionaux, professionnels de la filière et membres de la société civile. Cette réunion s’inscrit dans la continuité des efforts engagés depuis 2023 pour revitaliser un secteur vital pour l’économie du Jérid.

Un secteur pilier, mais sous pression

Avec plus de 10 000 hectares de palmeraies et une production annuelle dépassant les 60 000 tonnes, Tozeur est l’un des bastions de la production de Deglet Nour, variété emblématique de la Tunisie. Plus de 80 % de cette production est exportée, générant des revenus cruciaux pour des milliers de familles. Mais la filière est confrontée à des défis majeurs : changement climatique, salinisation des sols, vieillissement des palmiers, coûts de production élevés, et faible valorisation post-récolte. Ces contraintes menacent la durabilité du secteur et appellent à une transformation structurelle.

Une stratégie régionale alignée sur le plan national 2026–2030

La réunion du 20 juin a permis de présenter une feuille de route régionale élaborée de manière participative, en cohérence avec le plan quinquennal national 2026–2030. La stratégie régionale de développement du secteur des dattes à Tozeur repose sur une série d’axes structurants pensés dans une logique d’efficacité, de durabilité et d’adaptation aux réalités locales. Elle vise d’abord à réduire les coûts de production en encourageant la mécanisation des opérations agricoles, la généralisation de la pollinisation assistée et la plantation d’afhal (palmiers mâles) afin de renforcer les taux de fécondation. L’optimisation de l’irrigation constitue également un pilier central de cette feuille de route, à travers l’introduction de systèmes économes en eau, la valorisation des eaux usées traitées et de drainage, et la mise en place de solutions concrètes pour lutter contre la désertification. Dans un souci d’excellence et de compétitivité sur les marchés internationaux, la stratégie ambitionne aussi d’élever les standards de qualité des dattes tunisiennes, notamment en réduisant leur empreinte carbone et en renforçant les exigences de conditionnement. Le soutien à l’investissement privé est également renforcé, avec une attention particulière portée à la simplification des procédures administratives et à l’accompagnement des jeunes entrepreneurs afin de dynamiser la filière. Par ailleurs, l’approche inclut un volet important de renforcement de la recherche appliquée et de la formation professionnelle, en mobilisant les structures d’appui locales et les centres techniques pour accompagner l’innovation et l’encadrement des exploitants. Enfin, la stratégie prévoit le développement de systèmes de collecte de données fiables et de dispositifs de renseignement climatique et de suivi épidémiologique, pour mieux anticiper les risques et adapter les politiques publiques en temps réel.

Une approche participative saluée

Le ministre a souligné que cette stratégie régionale, portée par le Centre régional de l’agriculture oasienne de Degache, constitue un modèle pilote à généraliser dans les autres gouvernorats producteurs. Elle a été saluée pour sa méthodologie ascendante, impliquant les groupements de développement agricole (GDA), les coopératives, les exportateurs, les chercheurs et les acteurs de la société civile. Le gouverneur de Tozeur a rappelé que cette feuille de route est le fruit d’un diagnostic participatif mené à l’échelle locale, à travers des journées de concertation avec l’ensemble des intervenants de la filière.

Préserver les oasis, valoriser le patrimoine

Au-delà de la production, la réunion a mis l’accent sur la préservation des oasis anciennes, menacées par l’urbanisation, la désertification et la perte de biodiversité. Le ministre a insisté sur la nécessité de renforcer le cadre juridique de protection des oasis, de promouvoir leur valeur historique et culturelle, et de les intégrer dans une logique de développement durable. Il a également évoqué l’importance de la valorisation des sous-produits du palmier dattier, tels que les fibres, les noyaux ou les feuilles, pour créer de nouvelles chaînes de valeur et diversifier les revenus des agriculteurs.

Une dynamique à pérenniser

La séance de travail du 20 juin 2025 marque une étape décisive dans la structuration du secteur des dattes à Tozeur. Elle témoigne d’une volonté politique affirmée de faire de cette filière un levier de développement durable, conciliant performance économique, inclusion sociale et résilience environnementale. Les prochaines étapes incluent la mise en place de comités de suivi régionaux, chargés de coordonner la mise en œuvre des actions prévues et d’assurer leur alignement avec les objectifs nationaux.