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samedi 19 juillet 2025
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Tunisie – Béja : Une victoire semencière, 5 000 variétés de céréales régénérées pour un futur durable

Dans le gouvernorat de Béja, au nord-ouest de la Tunisie, une prouesse agronomique discrète mais majeure s’est récemment concrétisée. Plus de 5 000 variétés de céréales ont été multipliées et régénérées avec succès, assurant la sauvegarde de ressources phytogénétiques précieuses et renforçant la souveraineté semencière nationale.

Cette opération a été menée à bien par l’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT), en collaboration avec l’Institut National des Grandes Cultures (INGC), entre mars 2023 et mai 2025. Elle s’inscrit dans une stratégie nationale de régénération des semences locales face aux défis posés par les changements climatiques, la perte de diversité agricole et la dépendance croissante aux semences importées.

Une banque de gènes vivante sur les terres de Béja

Le choix de la région de Béja n’est pas anodin. Réputée pour la richesse de ses terres agricoles et ses conditions climatiques favorables à la culture céréalière, la région abrite plusieurs stations d’expérimentation rattachées à l’INRAT, dont la célèbre station d’El Kef Chams située entre Béja et Jendouba. Sur près de 60 hectares, les chercheurs ont semé et régénéré des échantillons appartenant au patrimoine génétique national : blé dur, blé tendre, orge, triticale, avoine… Ces variétés proviennent en majorité de la banque de gènes nationale conservée à la station de Bou Salem, mais aussi de collections anciennes ramenées par des chercheurs tunisiens depuis les années 1970.

Des résultats prometteurs pour l’autonomie semencière

La multiplication des 5 000 accessions a permis de produire plus de 80 tonnes de semences, qui serviront à reconstituer les stocks stratégiques et alimenter les projets de sélection variétale. Parmi les variétés régénérées, certaines ont démontré une résistance exceptionnelle à la sécheresse ou une capacité d’adaptation accrue aux sols pauvres, des traits particulièrement précieux dans le contexte de stress hydrique que traverse la Tunisie. Le projet a également permis de revaloriser plusieurs variétés autochtones longtemps oubliées, comme la variété de blé dur ‘Mahmoudi’, réputée pour sa rusticité et sa richesse nutritionnelle, ou encore l’orge noire de Testour, une céréale ancestrale utilisée autrefois dans l’alimentation traditionnelle.

Une réponse aux enjeux climatiques et économiques

Dans un contexte où la Tunisie importe en moyenne 60 % de ses besoins en semences céréalières, selon les données du Ministère de l’Agriculture de 2022, cette initiative représente une avancée majeure vers la souveraineté alimentaire. Elle réduit non seulement la vulnérabilité économique aux fluctuations des prix internationaux, mais permet aussi une meilleure adaptation des cultures locales face aux aléas climatiques. L’impact environnemental est également significatif : en régénérant ces variétés locales, mieux adaptées aux conditions pédoclimatiques tunisiennes, les agriculteurs pourront réduire le recours aux intrants chimiques et optimiser la consommation d’eau.

Perspectives et prolongements du projet

Fort de ce succès, l’INRAT envisage d’étendre cette dynamique à d’autres gouvernorats céréaliers tels que Siliana, Kasserine ou Le Kef dès la saison agricole 2025–2026. Des collaborations sont aussi en cours avec des ONG locales pour introduire certaines de ces variétés dans des projets de semences paysannes participatives, notamment dans les zones de montagne où la résilience est primordiale. Selon le Dr. Samir Jouini, généticien à l’INRAT, « chaque variété régénérée est une page vivante de notre histoire agricole. C’est un acte de mémoire, mais aussi de projection vers un futur plus durable ».

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