La saison agricole 2025 marque une avancée significative pour la filière de la tomate de transformation dans le gouvernorat de Gafsa, au sud-ouest de la Tunisie. Selon les données communiquées le 25 juin 2025 par Kais Chelbi, chef de la division de la production végétale à la commissariat  régionale du développement agricole (CRDA) de Gafsa, la récolte de cette année est estimée à 63 000 tonnes, contre 50 000 tonnes en 2024, soit une augmentation de 26 %.

Cette performance est attribuée à l’extension des superficies cultivées, qui atteignent désormais 630 hectares, avec un rendement moyen de 100 tonnes par hectare. Les délégations de Sidi Aïch et Gafsa Nord concentrent à elles seules 550 hectares, représentant près de 90 % de la surface totale dédiée à cette culture. Le reste est réparti entre les délégations de Sened, Zanouch, Belkhir et Gafsa Sud.

Une récolte saine et de qualité

La campagne de cueillette a débuté au mois de juin et se poursuivra jusqu’à la fin juillet 2025. Les services techniques régionaux ont confirmé que la récolte de cette année ne souffre d’aucune maladie majeure et se distingue par une qualité sanitaire et organoleptique élevée. Cette réussite est en partie due aux efforts d’encadrement menés par la division de la production végétale, qui a organisé plusieurs campagnes de sensibilisation auprès des agriculteurs. Ces actions ont porté sur la préparation des sols, le choix des plants, les traitements phytosanitaires, la fertilisation raisonnée, ainsi que les bonnes pratiques de récolte.

Une production majoritairement destinée à l’industrie

Près de 90 % de la production de tomates sera orientée vers la transformation industrielle, notamment pour la fabrication de concentré de tomate, de purée et de sauces. Le reste de la récolte sera destiné à la consommation directe ou au séchage artisanal, une pratique encore répandue dans certaines zones rurales du gouvernorat.

Des défis structurels persistants malgré les bons résultats

Malgré cette embellie, la filière de la tomate de transformation à Gafsa continue de faire face à plusieurs contraintes structurelles. Le manque de structuration des agriculteurs en groupements professionnels ou en coopératives limite leur pouvoir de négociation et leur accès aux marchés organisés. De plus, la cherté des intrants agricoles (semences, engrais, produits phytosanitaires) et du matériel de récolte pèse lourdement sur les coûts de production. À cela s’ajoutent des problèmes logistiques liés au transport et à la commercialisation, notamment en dehors du circuit des entreprises contractuelles. Ces difficultés freinent la rentabilité de la filière et exposent les producteurs aux aléas du marché, en particulier en période de surproduction où les prix à la production chutent drastiquement.

Vers une structuration durable de la filière

Face à ces enjeux, les autorités régionales et les acteurs de la filière appellent à une meilleure organisation des producteurs, à travers la création de groupements d’intérêt économique (GIE) ou de coopératives agricoles. Ces structures permettraient de mutualiser les ressources, d’améliorer l’accès au financement, et de négocier collectivement les contrats avec les unités de transformation. Par ailleurs, des initiatives sont en cours pour renforcer les capacités techniques des agriculteurs, notamment via des formations sur la gestion intégrée des cultures, l’irrigation efficiente et la valorisation des sous-produits. L’objectif est de consolider une filière durable, capable de répondre aux exigences du marché tout en assurant une meilleure résilience face aux changements climatiques.

Conclusion

La saison 2025 s’annonce comme un tournant pour la culture de la tomate de transformation à Gafsa. Avec une production en nette hausse, des rendements records et une qualité au rendez-vous, la région confirme son potentiel en tant que pôle agro-industriel stratégique. Toutefois, pour pérenniser ces acquis, il est impératif d’investir dans la structuration de la filière, l’accompagnement technique des producteurs et l’amélioration des infrastructures logistiques. C’est à ce prix que la tomate de Gafsa pourra pleinement jouer son rôle dans le développement agricole et économique du sud-ouest tunisien.