La campagne 2025 de la culture de la betterave à sucre a officiellement démarré en Tunisie, marquant une étape stratégique pour l’agriculture industrielle du pays. Ce lancement, qui s’est tenu dans le gouvernorat de Jendouba, reflète une volonté politique et économique de renforcer l’autosuffisance en sucre, tout en dynamisant les filières agricoles locales.
Une relance stratégique dans le gouvernorat de Jendouba
Le coup d’envoi de la saison a été donné le 16 octobre 2025 au complexe agricole de Drona, à Bousalem, en présence du Chef de cabinet du ministre de l’Agriculture, Heykal Hachlaf, ainsi que de représentants de l’Union tunisienne de l’industrie et du commerce, des agriculteurs et des acteurs du secteur agricole. Cette mobilisation témoigne de l’importance accordée à la betterave à sucre comme culture industrielle stratégique. Le gouvernorat de Jendouba, avec ses terres fertiles et son savoir-faire agricole, a été choisi comme point de départ pour cette campagne. Les autorités ont souligné que la Tunisie dispose de toutes les capacités nécessaires pour développer cette culture et répondre aux besoins nationaux en sucre.
Objectifs économiques et agricoles de la campagne 2025
La culture de la betterave à sucre en Tunisie poursuit plusieurs objectifs stratégiques qui s’inscrivent dans une vision globale de développement agricole et économique. Tout d’abord, elle vise à réduire significativement les importations de sucre en produisant localement une partie des besoins nationaux. Cette démarche permet non seulement de diminuer la dépendance aux marchés internationaux, souvent soumis à des fluctuations de prix, mais aussi de renforcer la sécurité alimentaire du pays. Ensuite, la betterave à sucre joue un rôle important dans la valorisation des sols agricoles. Grâce à ses caractéristiques agronomiques, elle contribue à améliorer la structure du sol et favorise une diversification des rotations culturales, ce qui est essentiel pour préserver la fertilité des terres et assurer la durabilité des exploitations. Enfin, cette culture est génératrice d’emplois, tant permanents que saisonniers. Elle mobilise une main-d’œuvre importante lors des différentes étapes du cycle de production, notamment la plantation, la récolte et la transformation industrielle, offrant ainsi des opportunités économiques aux zones rurales et participant à la dynamisation du tissu socio-économique local.
Défis techniques et infrastructurels
Malgré les ambitions affichées, plusieurs défis persistent. L’un des principaux obstacles évoqués lors de la journée d’information à Bousalem est la vétusté du réseau d’irrigation dans certaines zones agricoles. Ce problème limite l’efficacité des cultures et nécessite des investissements urgents pour moderniser les infrastructures hydrauliques. Par ailleurs, les agriculteurs ont exprimé le besoin d’un meilleur accompagnement technique, notamment en matière de sélection variétale, fertilisation et lutte contre les maladies. L’Agence de la Vulgarisation et de la Formation Agricoles (AVFA) joue un rôle central dans la diffusion des bonnes pratiques et la formation des producteurs. lire aussi Betterave sucrière : une culture oubliée en quête de renaissance et de souveraineté
Vers une intégration agro-industrielle
La betterave à sucre ne se limite pas à la production agricole : elle alimente également une chaîne agro-industrielle qui comprend la transformation en sucre raffiné et la valorisation des sous-produits (pulpe pour l’alimentation animale, mélasse pour la fermentation). Le développement de cette filière intégrée est essentiel pour assurer la rentabilité économique de la culture. Le ministère de l’Agriculture envisage de renforcer les partenariats public-privé afin de moderniser les unités de transformation et d’améliorer la logistique de collecte et de transport des récoltes.
Perspectives de rendement et expansion
Les prévisions pour la campagne 2025 sont encourageantes. Les autorités espèrent atteindre une production suffisante pour couvrir une part significative de la consommation nationale. Des efforts sont également en cours pour étendre la culture à d’autres régions du pays, notamment dans les zones irriguées du nord-ouest et du centre. La Banque tunisienne de solidarité (BTS) et la Banque nationale agricole (BNA) ont déjà accordé des prêts aux agriculteurs pour soutenir la campagne céréalière parallèle, ce qui pourrait inspirer des mécanismes similaires pour la betterave à sucre.
Un modèle pour l’autosuffisance alimentaire
La relance de la culture de la betterave à sucre s’inscrit dans une stratégie plus large de souveraineté alimentaire. En misant sur des cultures industrielles locales, la Tunisie cherche à sécuriser ses approvisionnements, réduire sa facture d’importation et renforcer la résilience de son secteur agricole face aux aléas climatiques et économiques. Ce modèle pourrait servir d’exemple pour d’autres filières, comme les oléagineux ou les légumineuses, qui présentent également un fort potentiel de développement.
Conclusion
Le démarrage de la saison 2025 de la culture de la betterave à sucre en Tunisie marque une étape importante dans la transformation du paysage agricole national. Portée par une volonté politique affirmée, une mobilisation des acteurs du secteur et des perspectives économiques prometteuses, cette campagne pourrait bien redéfinir les équilibres agro-industriels du pays. Toutefois, sa réussite dépendra de la capacité à surmonter les défis techniques et à garantir un accompagnement efficace des producteurs.
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