En juillet 2025, la Tunisie a réaffirmé son ambition de porter la couverture forestière nationale de 12 % à 16 % de l’ensemble de son territoire dans les années à venir. Cette annonce, faite par Sahbi Ben Dhiaf, directeur de la conservation des forêts au ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, marque une étape importante dans la stratégie environnementale du pays, confronté à des défis climatiques, écologiques et socio-économiques croissants.

Couverture forestière actuelle en Tunisie : état des lieux et enjeux écologiques

Actuellement, la couverture forestière tunisienne est estimée à environ 8,5 % de la superficie totale du pays, soit près de 1,2 million d’hectares. Ces forêts, principalement méditerranéennes, sont réparties dans des zones telles que le Nord-Ouest (Kef, Jendouba), le Centre-Ouest (Kasserine), et certaines régions du Cap Bon. Elles abritent entre 700 000 et un million de Tunisiens, qui dépendent directement ou indirectement de leurs ressources pour vivre. Malgré les incendies récurrents, notamment dans les étés de 2021 à 2023 où des centaines d’hectares ont été ravagés dans les gouvernorats de Béja et Siliana, les forêts tunisiennes ont démontré une capacité remarquable de régénération naturelle. Cette résilience est typique des écosystèmes méditerranéens, à condition que les incendies ne se répètent pas sur les mêmes zones.

Objectifs forestiers tunisiens pour 2050 : vers 16 % de reboisement national

Pour atteindre l’objectif de 16 %, la Direction générale des forêts, créée en 1883 et célébrant son 142e anniversaire en juin 2025, élabore actuellement une stratégie nationale forestière à l’horizon 2050. Cette stratégie vise à valoriser le rôle économique des forêts, à renforcer leur durabilité et à garantir un accès équitable aux ressources forestières pour les citoyens. Parmi les axes envisagés figurent le reboisement ciblé dans les zones dégradées, la restauration des sols forestiers, la lutte contre l’abattage illégal et l’urbanisation non contrôlée, ainsi que l’intégration des communautés locales dans la gestion durable des forêts. Des études de terrain sont menées pour identifier les zones prioritaires, notamment dans les régions du Nord-Ouest et du Centre, où la pression anthropique et les effets du changement climatique sont les plus marqués.

Rôle économique et social des forêts en Tunisie : ressources, emplois et durabilité

Le secteur forestier contribue à hauteur de 1,4 % au produit intérieur brut (PIB) national et représente 14 % du PIB agricole. Il joue également un rôle crucial dans la lutte contre l’érosion des sols, la régulation du climat local, la préservation de la biodiversité et le développement rural. Les forêts tunisiennes sont sources de bois, de plantes médicinales, de miel, de pâturages et d’activités écotouristiques. Dans les zones forestières, les populations locales bénéficient de programmes de gestion participative, notamment à travers les groupements de développement agricole (GDA), qui permettent une meilleure appropriation des ressources et une réduction des conflits d’usage.

Financements et partenariats pour renforcer la couverture forestière en Tunisie

Pour concrétiser cette ambition, la Tunisie devra mobiliser des financements nationaux et internationaux. Des partenariats avec des institutions telles que la FAO, le PNUD, ou encore des bailleurs européens sont envisagés pour appuyer les projets de reboisement, de surveillance par satellite, et de renforcement des capacités techniques des agents forestiers. Le recours à des technologies innovantes, comme les drones pour la cartographie forestière ou les systèmes d’alerte précoce pour les incendies, fait également partie des pistes explorées. En parallèle, des campagnes de sensibilisation sont prévues pour encourager les citoyens à adopter des comportements respectueux de l’environnement et à participer aux efforts de reforestation.

Reboisement et adaptation climatique : pourquoi augmenter la couverture forestière tunisienne

Porter la couverture forestière tunisienne à 16 % représente un défi ambitieux mais nécessaire dans un contexte de changement climatique, de désertification et de pression démographique. En s’appuyant sur la résilience naturelle de ses forêts, sur l’expertise de ses institutions et sur l’engagement de ses citoyens, la Tunisie peut transformer cette ambition en levier de durabilité, de justice sociale et de prospérité écologique.