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jeudi 31 juillet 2025
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Tozeur : un projet de pisciculture durable transforme les oasis tunisiennes en modèle agricole innovant

Le 16 juillet 2025, un projet novateur a été lancé dans la région de Dégache, au cœur du gouvernorat de Tozeur, visant à intégrer la pisciculture dans les oasis traditionnelles. Ce projet, financé par l’association italienne Albo et mis en œuvre par l’Association Tunisienne de la Vie Sauvage, représente une avancée majeure dans la diversification des activités agricoles dans le sud-ouest tunisien. Historiquement connue pour la culture du palmier dattier, la région de Tozeur explore désormais une nouvelle voie de développement durable, en combinant aquaculture et agriculture oasienne.

Une réponse aux défis économiques et écologiques des oasis

Le projet, baptisé Projet Dégache, repose sur une idée simple mais puissante : utiliser les étangs existants dans les oasis pour élever des poissons, tout en améliorant la fertilité des sols grâce à l’eau riche en nutriments issue de ces bassins. Six agriculteurs locaux ont été sélectionnés pour participer à cette première phase. Ils ont bénéficié d’une formation spécialisée en aquaculture, leur permettant d’acquérir les compétences nécessaires pour gérer les opérations piscicoles de manière autonome. Cette approche intégrée répond à un besoin urgent de diversification des revenus dans une région fortement dépendante de la monoculture du palmier dattier. En plus de générer une nouvelle source de revenus, le projet contribue à l’enrichissement écologique des palmeraies, en réduisant le recours aux engrais chimiques et en favorisant un équilibre agroécologique durable.

Une symbiose entre pisciculture et agriculture

L’un des aspects les plus innovants du projet réside dans l’utilisation de l’eau des bassins piscicoles pour l’irrigation des palmiers. Cette eau, naturellement enrichie par les déchets organiques des poissons, améliore la qualité des sols et stimule la croissance des cultures. Ce système circulaire crée une relation symbiotique entre les deux activités, transformant la pisciculture en un levier écologique pour les oasis. Les premiers résultats sont prometteurs : les agriculteurs ont constaté une amélioration de la texture du sol et une réduction des besoins en fertilisants. Cette méthode pourrait être étendue à d’autres zones oasiennes, notamment dans les délégations de Temerza et Nefta, où des formations similaires ont été organisées dès novembre 2021.

Des résultats concrets et un modèle reproductible

Chaque agriculteur impliqué dans le projet a reçu 2 000 alevins ainsi que des équipements spécialisés pour l’élevage en eau douce. Ces poissons, principalement des tilapias, sont élevés dans des bassins aménagés au sein des exploitations agricoles. Le projet prévoit un accompagnement jusqu’à la commercialisation, avec un fort accent mis sur le marché local, afin de garantir la viabilité économique de l’initiative. Le complexe de gestion du projet joue également un rôle actif dans la promotion des produits piscicoles, en sensibilisant les consommateurs à l’intérêt de consommer des poissons élevés localement. Cette stratégie permet de renforcer l’économie régionale, tout en réduisant la dépendance aux importations de produits halieutiques.

Une vision durable pour les oasis tunisiennes

Le projet Dégache s’inscrit dans une vision plus large de résilience climatique et économique pour les oasis tunisiennes. En valorisant les ressources naturelles locales et en intégrant des pratiques agricoles durables, il offre une alternative crédible à l’agriculture intensive qui menace l’équilibre écologique des oasis. Il s’appuie sur les recommandations du Programme de Petites Initiatives pour les OSC d’Afrique du Nord (PPI OSCAN), qui soutient des projets de conservation et de développement durable dans les zones à forte biodiversité. À terme, les porteurs du projet espèrent que ce modèle pourra être répliqué dans d’autres régions du sud tunisien, notamment à Kébili et Gabès, où des études antérieures ont déjà identifié des sites favorables à l’aquaculture en eaux géothermales.

Conclusion : un levier de transformation pour les oasis

Le projet de pisciculture dans les oasis de Tozeur ne se limite pas à une innovation agricole. Il incarne une transformation profonde du modèle oasien, en conciliant rentabilité économique, durabilité environnementale et engagement communautaire. En redonnant aux agriculteurs les moyens d’agir et en valorisant les ressources locales, il ouvre la voie à une nouvelle génération de projets intégrés, capables de répondre aux défis du XXIe siècle dans les régions arides de Tunisie.

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