Entre janvier et août 2025, le marché tunisien des viandes rouges a connu une hausse significative des prix moyens de vente, impactant directement le pouvoir d’achat des consommateurs et la dynamique du secteur de l’élevage. Selon les données officielles de l’Office de l’Élevage et des Pâturages (OEP), toutes les catégories de viandes rouges ont enregistré une augmentation notable du prix au kilogramme vif, confirmant une tendance inflationniste amorcée depuis fin 2024.
Une hausse généralisée sur toutes les catégories
Entre janvier et août 2025, les prix moyens de vente des viandes rouges en Tunisie ont connu une hausse significative, selon les données publiées par l’Office de l’Élevage et des Pâturages (OEP). Toutes les catégories ont été concernées par cette augmentation : le prix de l’agneau est passé de 24,6 à 27,5 dinars le kilogramme vif, soit une hausse de 11,8 %, tandis que celui du caprin a évolué de 21,6 à 24 dinars, enregistrant une progression de 11 %. Les antenais ont vu leur prix grimper de 23,5 à 25,5 dinars (+8,5 %), et les taurillons, qu’ils soient engraissés ou maigres, ont tous deux affiché une hausse de 14 %, atteignant respectivement 19,4 et 19,6 dinars/kg vif. Cette tendance haussière s’explique principalement par l’augmentation des coûts de production, la pression croissante sur les ressources fourragères locales, ainsi que par les fluctuations du marché mondial des matières premières agricoles.
Une production stable mais insuffisante face à la demande
En 2024, la production tunisienne de viandes rouges a atteint 110,5 mille tonnes, avec une moyenne mensuelle de 8 mille tonnes. Bien que cette capacité de production soit relativement stable, elle reste insuffisante pour répondre à une demande croissante, notamment en période de fêtes religieuses ou de forte consommation. La dépendance partielle aux importations de fourrage et de matériel génétique, combinée à une faible mécanisation dans certaines régions, limite la capacité des éleveurs à augmenter leur rendement sans affecter les coûts.
Impact sur le consommateur et le marché
La hausse des prix des viandes rouges a des répercussions directes sur le panier alimentaire des ménages tunisiens. Selon l’Organisation Tunisienne de Défense du Consommateur (ODC), le prix du kilo de viande rouge dépasse parfois les 60 dinars dans certains points de vente, poussant de nombreux foyers à se tourner vers les viandes blanches, dont le prix moyen est plus abordable. Cette situation crée un déséquilibre dans les habitudes alimentaires et accentue les inégalités d’accès à une alimentation équilibrée. Elle soulève également des questions sur la régulation du marché, la transparence des marges bénéficiaires et la nécessité d’un encadrement plus strict des circuits de distribution.
Quelles perspectives pour le secteur ?
Face à la flambée des prix des viandes rouges observée en 2025, les autorités tunisiennes et les acteurs du secteur de l’élevage envisagent plusieurs mesures pour contenir cette dynamique inflationniste et préserver l’équilibre du marché. Parmi les actions prioritaires figure le renforcement des contrôles économiques afin de limiter les pratiques spéculatives qui perturbent la chaîne de distribution. En parallèle, un soutien ciblé aux éleveurs est envisagé, notamment à travers des subventions et des programmes de modernisation visant à améliorer la productivité et réduire les coûts. La promotion de l’élevage local constitue également un axe stratégique pour diminuer la dépendance aux importations et renforcer la souveraineté alimentaire. Par ailleurs, les autorités encouragent une consommation plus responsable et la diversification des sources de protéines, afin d’atténuer la pression sur les viandes rouges. À moyen terme, une réforme structurelle du secteur de l’élevage apparaît indispensable pour garantir une stabilité durable des prix, renforcer la sécurité alimentaire nationale et assurer une meilleure accessibilité des produits carnés à l’ensemble de la population tunisienne.