Face aux défis liés à l’alimentation du cheptel et à la régulation du marché du fourrage, le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a annoncé, le 30 mai 2025, la mise en place d’un programme de financement à conditions avantageuses destiné aux producteurs de fourrage grossier et aux éleveurs de bétail. Cette initiative vise à garantir une meilleure alimentation du cheptel et à stabiliser les prix du fourrage sur le marché national.
Un programme de financement adapté aux besoins des agriculteurs
Le programme repose sur l’octroi de crédits saisonniers sans garantie, permettant aux agriculteurs de financer les opérations de collecte, de mise en botte et de stockage du foin. Deux principales institutions bancaires ont été mobilisées pour assurer la mise en œuvre de ce dispositif
- La Banque Tunisienne de Solidarité (BTS) : Elle accorde des crédits saisonniers d’une durée de 12 mois, sans exigence de garantie, aux agriculteurs, aux sociétés citoyennes, aux coopératives de services agricoles et aux groupements de développement agricole (GDA).
- La Banque Nationale Agricole (BNA) : Elle propose des crédits similaires, aussi bien aux agriculteurs ayant déjà bénéficié de financements saisonniers en début de campagne qu’à ceux qui n’ont pas pu y accéder. Les éleveurs, les centres de collecte de lait, les coopératives et les GDA sont également éligibles à ces financements, avec une période de remboursement fixée à neuf mois.
Objectif : Doubler les stocks de fourrage et stabiliser le marché
Le ministère de l’Agriculture a précisé que ce programme est mené en coordination avec les acteurs régionaux et centraux, avec l’ambition de doubler les stocks de fourrage disponibles chez les agriculteurs. Cette mesure vise à mieux réguler le marché national et à éviter les fluctuations de prix qui impactent directement les éleveurs et les consommateurs. En 2024, la Tunisie avait connu une pénurie de fourrage due à des conditions climatiques défavorables, entraînant une hausse des prix et des difficultés pour les éleveurs. Avec ce nouveau programme, les autorités espèrent constituer des stocks de sécurité suffisants pour prévenir de telles crises et assurer une meilleure gestion des ressources alimentaires du cheptel.
Sensibilisation et accompagnement des agriculteurs
Afin de garantir le succès de cette initiative, des journées de sensibilisation sont prévues dans plusieurs gouvernorats. Ces rencontres permettront d’informer les agriculteurs sur la qualité des fourrages, l’intérêt stratégique de constituer des stocks de sécurité et les différentes facilités financières mises à leur disposition. Les gouvernorats les plus concernés par cette mesure sont ceux où l’élevage est une activité dominante, notamment Sidi Bouzid, Kairouan, Siliana et Béja, où la production de fourrage joue un rôle clé dans l’économie locale.
Perspectives et impact sur le secteur agricole
L’octroi de crédits avantageux aux producteurs de fourrage représente une avancée significative pour le secteur agricole tunisien. En facilitant l’accès au financement, le gouvernement espère renforcer la résilience des agriculteurs face aux aléas climatiques, améliorer la qualité de l’alimentation du cheptel et stabiliser les prix du fourrage sur le marché. Si ce programme atteint ses objectifs, il pourrait être élargi à d’autres filières agricoles nécessitant un soutien financier similaire. En parallèle, les autorités envisagent de développer des mécanismes de suivi et d’évaluation pour mesurer l’impact de ces crédits sur la production et la commercialisation du fourrage.
Conclusion
Grâce à cette initiative, les producteurs de fourrage et les éleveurs tunisiens bénéficient d’un soutien financier essentiel pour assurer la pérennité de leur activité. En renforçant les capacités de stockage et en stabilisant le marché, ce programme contribue à une meilleure gestion des ressources agricoles et à une alimentation plus sécurisée du cheptel. Avec une mise en œuvre efficace et un accompagnement adapté, la Tunisie pourrait voir son secteur du fourrage se structurer davantage, garantissant ainsi une meilleure stabilité économique pour les agriculteurs et les éleveurs