Depuis l’été 2024, la dermatose nodulaire contagieuse frappe durement le cheptel bovin tunisien, provoquant une crise sanitaire et économique majeure. Cette maladie virale, transmise par des insectes piqueurs tels que les moustiques et les mouches, entraîne des lésions cutanées sévères, une forte fièvre et, dans certains cas, la mort des animaux.
Propagation rapide et zones les plus touchées
L’épidémie a été signalée pour la première fois en août 2024 dans le gouvernorat de Jendouba, avant de s’étendre rapidement à plusieurs régions du pays. À ce jour, plus de 60 foyers ont été recensés dans neuf gouvernorats, notamment Béja, Bizerte, Kairouan, Sidi Bouzid et Sfax. Les taux d’infection sont alarmants : jusqu’à 80 % des bovins sont touchés dans certaines exploitations, avec une mortalité pouvant atteindre 20 %. Cette propagation rapide est attribuée à l’absence de mesures sanitaires strictes et à un manque de vaccination préventive.
Les éleveurs dénoncent l’inaction des autorités
Face à cette crise, les éleveurs tunisiens expriment leur colère et leur sentiment d’abandon. Selon Sami Houidi, président de l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche de Nabeul, jusqu’à quatre décès de bovins sont enregistrés chaque jour dans certaines exploitations. Les agriculteurs dénoncent le manque de vétérinaires, l’absence de campagnes de vaccination efficaces et la gestion chaotique des carcasses. Certains craignent même que de la viande issue de bovins infectés soit commercialisée, posant un risque sanitaire pour la population.
Réactions officielles et mesures envisagées
Le ministère de l’Agriculture affirme que 95 % du cheptel bovin a été vacciné, mais ces chiffres sont contestés par plusieurs acteurs du secteur. Bilel Mechri, président de la commission de l’agriculture à l’Assemblée des représentants du peuple, remet en question ces données et appelle à une enquête approfondie. Face à l’urgence, les vétérinaires recommandent une intensification des campagnes de vaccination et une meilleure coordination entre les autorités et les éleveurs. Certains experts, comme Sofiane Makhlouf, insistent sur la nécessité de sensibiliser les agriculteurs et de mettre en place des mesures de contrôle strictes pour limiter la propagation.
Conséquences économiques et perspectives
L’impact économique de cette épidémie est considérable. La perte de bovins entraîne une baisse de la production laitière et de viande, affectant directement les revenus des éleveurs et la sécurité alimentaire du pays. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, la dermatose nodulaire pourrait fragiliser durablement le secteur de l’élevage en Tunisie. Les agriculteurs espèrent une réaction rapide des autorités pour éviter une catastrophe sanitaire et économique. La mobilisation collective est essentielle pour contenir cette menace et protéger le cheptel tunisien.