La culture du tournesol, longtemps emblématique du gouvernorat de Béja, est aujourd’hui en péril. En 2025, l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche (URAP) de Béja tire la sonnette d’alarme : la superficie cultivée est passée de 7 000 à 8 000 hectares dans les années précédentes à moins de 500 hectares cette année. Ce recul de plus de 90 % menace une filière oléagineuse stratégique pour la diversification agricole du Nord-Ouest tunisien. Le tournesol, au-delà de son intérêt économique, joue un rôle dans la rotation des cultures, la préservation des sols et l’autonomie alimentaire.
Tournesol en Tunisie : de 8 000 à 500 hectares, une chute vertigineuse
Les chiffres sont sans appel. Selon Sofiane Rezgui, directeur adjoint de l’URAP Béja, la culture du tournesol connaît une chute historique. Alors qu’elle occupait jusqu’à 8 000 hectares dans les années 2000, elle ne couvre plus que 500 hectares en 2025. Cette baisse drastique s’explique par une série de facteurs structurels et conjoncturels, qui ont fragilisé la filière et découragé les producteurs locaux. Le tournesol, autrefois cultivé pour ses graines oléagineuses et son huile, est désormais marginalisé dans les plans de culture régionaux.
Causes du recul : importation anarchique, contrebande et chute des prix
La disparition progressive du tournesol à Béja est liée à plusieurs causes interdépendantes. D’abord, l’importation massive et non régulée d’huile de tournesol à bas prix a rendu la production locale peu compétitive. Ensuite, la contrebande de produits agricoles, notamment en provenance de l’Algérie, a accentué la pression sur les prix et perturbé les circuits de distribution. Enfin, le manque de soutien institutionnel, l’absence de mécanismes incitatifs et la faible valorisation du produit ont découragé les agriculteurs. Nombre d’entre eux se retrouvent contraints de stocker leurs récoltes pendant plusieurs années, faute de débouchés commerciaux viables.
Conséquences sociales : perte d’emplois saisonniers et découragement des agriculteurs
Au-delà des enjeux économiques, le recul du tournesol a des répercussions sociales importantes. Cette culture offrait traditionnellement des emplois saisonniers aux étudiants et aux jeunes durant les mois d’été. La récolte manuelle, le tri et le conditionnement mobilisaient une main-d’œuvre locale précieuse, contribuant à l’insertion professionnelle temporaire et à la dynamique rurale. En 2025, cette opportunité s’est largement évaporée, aggravant le chômage saisonnier et la précarité dans les zones agricoles. Le découragement des agriculteurs, confrontés à l’absence de perspectives, renforce le risque d’abandon des terres et de désengagement rural.
Béja, bastion des grandes cultures en mutation
Malgré ce recul, Béja reste un bastion des grandes cultures en Tunisie. En 2025, la région a enregistré une avancée notable dans la mise à disposition de semences sélectionnées : 600 000 quintaux ont été distribués aux agriculteurs, contre 250 000 quintaux l’année précédente. Cette initiative, portée par l’Union régionale de l’agriculture, vise à renforcer la productivité des céréales et à améliorer la sécurité alimentaire. Toutefois, elle ne compense pas la perte de filières spécifiques comme le tournesol, qui nécessitent des stratégies ciblées de relance et de valorisation.
L’Union des agriculteurs de Béja tire la sonnette d’alarme : quelles solutions ?
Face à cette situation critique, l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche (UTAP) de Béja appelle à une mobilisation urgente. Elle propose plusieurs pistes pour relancer la culture du tournesol : mise en place de contrats de production garantis, subventions ciblées, régulation des importations et valorisation des produits locaux dans les circuits de distribution. L’UTAP insiste également sur la nécessité de sensibiliser les consommateurs à l’importance de soutenir l’agriculture nationale et de préserver les filières stratégiques.
🔄 Repenser la filière oléagineuse en Tunisie : vers une relance durable du tournesol
La relance du tournesol à Béja passe par une approche intégrée et durable. Il s’agit de rétablir la compétitivité de la filière en améliorant les rendements, en réduisant les coûts de production et en assurant des débouchés stables. La transformation locale des graines en huile pourrait créer de la valeur ajoutée et renforcer l’autonomie alimentaire. L’intégration de cette culture dans des systèmes agroécologiques, combinée à des pratiques de rotation, améliorerait la résilience des sols et la durabilité des exploitations. Des exemples internationaux, comme en France ou en Ukraine, montrent que le tournesol peut être relancé avec succès grâce à des variétés hybrides, des incitations à la production locale et une stratégie de filière cohérente.
📌 Conclusion : une filière à sauver pour l’avenir agricole de Béja
La disparition du tournesol à Béja constitue un signal d’alerte sur les fragilités du modèle agricole tunisien. Mais elle représente aussi une opportunité de repenser les priorités, de mobiliser les acteurs locaux et de valoriser les savoir-faire régionaux. En intégrant les enjeux sociaux, économiques et environnementaux, la Tunisie peut redonner vie à cette culture emblématique. Pour les plateformes comme Agritunisie, ce sujet offre un terrain fertile pour structurer des contenus à fort impact, sensibiliser les décideurs et accompagner la transition vers une agriculture plus résiliente et inclusive.