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vendredi 28 novembre 2025
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Tunisie – Gafsa protège son cheptel : interdiction d’abattage des femelles gestantes et laitières

Face aux pressions économiques, aux aléas climatiques et à la nécessité de préserver les ressources animales, une municipalité tunisienne a pris une décision audacieuse et saluée par les professionnels du secteur : interdire l’abattage des femelles ovines et bovines gestantes ainsi que des vaches laitières. Cette mesure, entrée en vigueur en octobre 2025 dans la ville de Gafsa, marque un tournant dans la gestion du cheptel national et soulève des enjeux majeurs pour la sécurité alimentaire, la durabilité de l’élevage et la régulation des marchés.

Un cheptel fragilisé par les crises successives

Le cheptel tunisien a subi une forte pression au cours des dernières années, en raison de facteurs économiques et climatiques cumulés. La sécheresse prolongée, la flambée des prix des aliments pour bétail, et le coût élevé des produits vétérinaires ont contraint de nombreux éleveurs à vendre une partie de leurs animaux, y compris des reproducteurs. Cette tendance alarmante menace directement la production laitière nationale et la disponibilité de viande rouge sur le marché local. Elle souligne l’urgence de mettre en place des mesures de protection ciblées pour préserver le cheptel reproducteur et garantir la pérennité des filières animales

Une interdiction ciblée pour préserver les reproductrices

La municipalité de Gafsa a annoncé l’interdiction formelle de l’abattage des femelles ovines et bovines gestantes ainsi que des vaches laitières dans les abattoirs municipaux. Cette décision vise à freiner la diminution du cheptel reproducteur, essentiel à la pérennité des filières d’élevage dans la région. Les autorités locales ont précisé que des contrôles vétérinaires renforcés seront mis en place afin d’identifier les animaux concernés avant toute opération d’abattage, sauf en cas de présentation d’un certificat de déclassement délivré par la direction régionale du développement agricole. Cette mesure s’inscrit dans une logique de préservation des ressources animales, en cohérence avec les orientations du ministère de l’Agriculture, qui encourage une gestion plus durable et responsable du cheptel reproducteur à l’échelle nationale.

Impacts attendus sur la production et les prix

L’interdiction de l’abattage des femelles gestantes et des bovins laitiers pourrait engendrer plusieurs effets bénéfiques à moyen terme, bien que ces impacts restent à confirmer par des données officielles. En préservant les vaches en gestation, cette mesure contribuerait à stabiliser le cheptel reproducteur, permettant ainsi à la reproduction naturelle de se poursuivre sans interruption majeure. De même, le maintien des vaches laitières dans les exploitations pourrait favoriser une amélioration progressive de la production laitière, en garantissant des volumes plus réguliers et potentiellement croissants. Sur le plan économique, cette régulation pourrait atténuer la pression sur l’offre de viande rouge, et ainsi participer à une modération des prix, qui ont connu une hausse significative depuis 2023. À ce titre, les dernières données publiées par l’Institut National de la Statistique (INS) indiquent que le prix moyen du kilogramme de viande bovine en Tunisie a atteint 36 dinars en septembre 2025, soit une augmentation de 18 % par rapport à la même période de l’année précédente. Ces éléments suggèrent que des mesures de protection ciblées du cheptel pourraient jouer un rôle stratégique dans la régulation du marché et la sécurité alimentaire, à condition d’être accompagnées d’un suivi rigoureux et d’une coordination nationale.

Vers une généralisation nationale ?

La mesure adoptée à Gafsa pourrait inspirer d’autres municipalités tunisiennes. Des discussions sont en cours dans les gouvernorats de Sidi Bouzid, Kairouan et Siliana, où le cheptel bovin joue un rôle central dans l’économie locale. Le ministère de l’Agriculture n’a pas encore officiellement intégré l’interdiction de l’abattage des femelles gestantes et des bovins laitiers dans un cadre réglementaire national. Toutefois, cette mesure locale adoptée à Gafsa s’inscrit dans une dynamique plus large de réflexion sur la résilience du secteur agricole tunisien

Conclusion : une décision stratégique pour l’avenir de l’élevage tunisien

L’interdiction de l’abattage des femelles gestantes et des bovins laitiers dans la municipalité de Gafsa représente une avancée significative dans la protection du cheptel tunisien. En préservant les reproductrices, cette mesure contribue à stabiliser la filière bovine, à soutenir la production laitière et à modérer les tensions sur les marchés de la viande. Elle pourrait servir de modèle pour une politique nationale plus ambitieuse en matière de gestion durable des ressources animales.

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