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samedi 19 juillet 2025
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SOS Littoral : la Tunisie appelle à l’union méditerranéenne contre la montée des mers

Alors que la 3ᵉ Conférence des Nations Unies sur les Océans (UNOC 3) bat son plein à Nice, du 9 au 13 juin 2025, la Tunisie a lancé un appel pressant à la communauté méditerranéenne. Lors d’une conférence organisée à Tunis le 2 juin 2025 sur le thème « La Tunisie face à la triple crise mondiale », le ministre de l’Environnement, Habib Abid, a dévoilé une initiative diplomatique ambitieuse : la création d’une alliance méditerranéenne pour lutter contre la montée des eaux et protéger les zones côtières vulnérables.

Selon une étude menée en partenariat avec la Banque mondiale, la Tunisie est aujourd’hui le pays méditerranéen le plus exposé à l’élévation du niveau de la mer. Le pays compte 60 îles, dont certaines pourraient perdre jusqu’à 20 % de leur superficie dans les prochaines années si aucune mesure d’adaptation n’est prise.

Une diplomatie climatique structurée et proactive

L’initiative tunisienne s’inscrit dans une stratégie plus large de diplomatie environnementale. Le ministre a insisté sur la nécessité d’une solidarité internationale fondée sur la justice climatique et l’équité. L’alliance proposée vise à favoriser les échanges techniques entre pays riverains, connecter les ministères concernés, mutualiser les solutions d’adaptation et surtout mobiliser des financements internationaux pour des projets concrets. Parmi les actions prévues, une conférence nationale sur l’investissement climatique est programmée pour septembre 2025, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Tous les ministères tunisiens concernés travaillent actuellement à l’élaboration de projets portant sur la réduction des émissions, la gestion des déchets, l’assainissement et l’adaptation à la montée des eaux.

Des projets pilotes déjà en cours sur le terrain

Sur le plan opérationnel, la Tunisie a déjà lancé plusieurs projets pilotes de lutte contre l’érosion côtière. En partenariat avec l’Allemagne et les Pays-Bas, des interventions sont en cours dans les régions de Tabarka, Mahdia, Sfax et Médenine. Ces actions incluent l’installation de digues rocheuses, l’alimentation artificielle des plages et la restauration des écosystèmes côtiers. Par ailleurs, dans le cadre de la COP 29 tenue à Bakou en novembre 2024, la Tunisie a réussi à convertir une partie de sa dette extérieure en investissements climatiques. Ce mécanisme innovant devrait être étendu à d’autres partenaires, notamment l’Italie, pour financer la réhabilitation des stations d’épuration et promouvoir l’usage agricole des eaux traitées.

Une Ceinture Verte pour renforcer la résilience intérieure

Au-delà du littoral, le gouvernement tunisien a également annoncé le lancement du projet « Ceinture Verte », une initiative de reforestation et de développement agricole dans les régions de Sfax, Gabès, Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine et Gafsa, jusqu’aux frontières algériennes. L’objectif est de freiner la désertification, protéger les terres agricoles et renforcer la sécurité hydrique dans les zones les plus exposées au changement climatique. Ce projet s’inscrit dans une vision intégrée de la résilience territoriale, combinant adaptation côtière et développement rural durable. Il mobilisera des fonds publics et privés, ainsi que des partenariats avec des institutions internationales.

Un appel à la mobilisation régionale et internationale

Lors de son intervention à Nice le 11 juin 2025, dans le cadre de l’UNOC 3, le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, a réaffirmé l’engagement de la Tunisie en faveur de la transition écologique. Il a appelé à une alliance méditerranéenne contre l’érosion marine, soulignant l’importance de solutions fondées sur la nature et d’une meilleure mobilisation des ressources scientifiques et financières. Il a également mis en avant le rôle du Centre d’activités régionales basé en Tunisie et du fonds fiduciaire pour les aires marines protégées, actif dans 20 réserves méditerranéennes. Ces structures pourraient jouer un rôle clé dans la coordination des efforts régionaux.

Une urgence partagée, une réponse collective attendue

La montée des eaux n’est plus une menace abstraite : elle affecte déjà les écosystèmes, les infrastructures et les moyens de subsistance des populations côtières. En appelant à une alliance méditerranéenne, la Tunisie cherche à transformer une vulnérabilité en levier de coopération régionale. Reste à savoir si les pays voisins répondront à cet appel avec la même urgence et la même ambition.

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