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jeudi 18 septembre 2025
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Exportations de dattes en Tunisie : une baisse de 6 % en 2025 qui inquiète la filière agricole

La Tunisie, premier exportateur mondial de dattes de la variété Deglet Ennour, a enregistré une baisse de 6 % de ses exportations au cours des onze premiers mois de la campagne 2024–2025. Selon les données publiées par l’Observatoire National de l’Agriculture (ONAGRI), les volumes exportés sont passés de 140,5 mille tonnes à 132,1 mille tonnes. Ce recul, bien que modéré, inquiète les professionnels du secteur, qui y voient les signes d’un ralentissement structurel.

Diminution des recettes liées aux dattes exportées

La baisse des volumes s’est accompagnée d’une diminution des recettes. Les exportations de dattes ont généré environ 841 millions de dinars tunisiens, soit une baisse de 3,8 % par rapport à la campagne précédente. Le prix moyen du kilogramme de dattes s’est établi à 6,37 dinars, contre 7,10 dinars pour la seule Deglet Ennour, qui représente 83,6 % des volumes exportés et 93,3 % des recettes

Recul des exportations de dattes biologiques tunisiennes

Le segment des dattes biologiques, pourtant en croissance ces dernières années, n’a pas échappé à la tendance. Les exportations ont totalisé 8,3 mille tonnes, pour des recettes de 73,2 millions de dinars. Cela représente une baisse de 2,7 % en volume et de 20,6 % en valeur. Ce recul s’explique notamment par une demande plus volatile sur les marchés européens, principaux consommateurs de dattes bio.

Répartition géographique des exportations tunisiennes

La Tunisie exporte ses dattes vers plus de 80 pays. L’Union européenne reste la principale destination, avec 44,5 % des volumes exportés, suivie par l’Afrique (22,7 %) et l’Asie (20,4 %). Le Maroc est le premier importateur avec 17,8 % des volumes, devant l’Italie (12,1 %) et l’Allemagne (8,2 %). Cette répartition géographique montre une certaine stabilité, mais masque des évolutions plus subtiles dans les habitudes de consommation et les exigences des acheteurs.

Les causes du recul : concurrence et conjoncture internationale

La baisse des exportations de dattes tunisiennes s’explique par une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels. D’abord, la concurrence s’intensifie sur les marchés internationaux, avec des pays comme l’Arabie Saoudite, l’Algérie et l’Égypte qui renforcent leur position en proposant des variétés de dattes concurrentes, souvent à des prix plus attractifs ou avec des volumes plus importants. Ensuite, les fluctuations de la demande jouent un rôle déterminant : les consommateurs, notamment en Europe et en Asie, deviennent de plus en plus exigeants en matière de traçabilité, de certification biologique et de qualité, ce qui impose aux producteurs tunisiens de s’adapter à des standards plus élevés. Enfin, le contexte économique mondial pèse lourdement sur les échanges commerciaux. L’inflation généralisée, la baisse du pouvoir d’achat et les tensions géopolitiques ont freiné les importations agroalimentaires dans plusieurs pays, réduisant ainsi les débouchés pour les dattes tunisiennes

Zoom sur la variété Deglet Ennour : un produit phare sous pression

La Deglet Ennour reste la star des exportations tunisiennes. Elle représente plus de 83 % des volumes et près de 93 % des recettes. Pourtant, son prix moyen à l’exportation a baissé, passant de 7,10 dinars à 6,37 dinars le kilogramme. Cette pression sur les prix pourrait affecter la rentabilité des producteurs, notamment ceux qui ne bénéficient pas d’un label bio ou d’une certification qualité.

Quelles perspectives pour le secteur des dattes en Tunisie ?

Face à ce recul des exportations, les professionnels du secteur des dattes en Tunisie plaident pour une série de mesures stratégiques afin de relancer la dynamique commerciale. Ils insistent d’abord sur la nécessité de diversifier les marchés en ciblant de nouveaux débouchés, notamment en Amérique du Nord, en Asie du Sud-Est et en Afrique subsaharienne, où la demande pour les produits agricoles de qualité est en croissance. Par ailleurs, le renforcement de la qualité est jugé essentiel : cela passe par des investissements dans la certification biologique, la traçabilité des produits et l’amélioration du conditionnement, afin de répondre aux standards internationaux et aux attentes des consommateurs. Enfin, la modernisation de la filière est un levier incontournable. Elle implique l’adoption de techniques plus performantes pour la récolte, le stockage et la transformation des dattes, dans le but de réduire les pertes post-récolte et d’optimiser la rentabilité des exploitations..

Témoignages des professionnels du secteur des dattes

Ces témoignages issus du terrain illustrent avec force les défis auxquels est confrontée la filière tunisienne des dattes. Pour un exportateur basé à Kebili, la baisse des volumes n’est pas seulement un indicateur conjoncturel, mais le reflet d’un besoin profond de modernisation et de repositionnement stratégique du secteur. Ce constat est partagé par un agriculteur de Tozeur, qui souligne l’urgence d’un appui étatique pour permettre aux producteurs d’investir dans le bio et de répondre aux exigences croissantes des marchés européens. Ensemble, ces voix traduisent une volonté claire de transformation, portée par ceux qui vivent au quotidien les réalités du marché et aspirent à une relance durable de la filière.

Conclusion : moderniser la filière pour préserver le leadership tunisien

La baisse de 6 % des exportations de dattes tunisiennes en 2025 est un signal d’alerte pour une filière qui représente un pilier de l’agriculture nationale. Si la Tunisie veut conserver sa place de leader mondial, elle devra adapter ses stratégies aux nouvelles réalités du marché international, miser sur la qualité, l’innovation et la diversification.

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