Le secteur des viandes rouges en Tunisie fait face à plusieurs défis, notamment la hausse des coûts de production, les difficultés liées à la distribution et la nécessité d’améliorer la qualité des produits. Pour répondre à ces enjeux, une réunion stratégique s’est tenue le 7 mai 2025, sous la présidence de Samir Abid, ministre du Commerce et du Développement des exportations, en présence des représentants des ministères de l’Agriculture, des Finances et de l’Intérieur. Cette initiative vise à structurer et moderniser la filière, en mettant en place des mesures concrètes pour assurer sa pérennité.

Une approche coordonnée pour une filière essentielle

Lors de cette réunion, il a été convenu de former trois équipes de travail, chacune supervisée par l’un des ministères concernés. Ces équipes travailleront sur six axes stratégiques couvrant l’ensemble de la chaîne de production et de distribution. Elles se concentreront sur la qualification des éleveurs et des bouchers afin de garantir des standards de qualité élevés, tout en mettant à niveau les marchés à bestiaux et les abattoirs à travers un programme spécifique de réhabilitation et de maintenance des infrastructures. L’amélioration génétique des cheptels et l’optimisation des circuits de distribution figurent également parmi les priorités, en parallèle avec une analyse des obstacles ayant freiné l’application des réformes précédentes. Enfin, ces ministères prévoient l’élaboration d’un document stratégique final, qui sera soumis aux autorités compétentes pour validation et mise en œuvre.

Zones et quantités concernées

Le programme de réforme cible principalement les régions à forte activité d’élevage, notamment les gouvernorats de Béja, Siliana, Kairouan et Sidi Bouzid, où la production de viandes rouges constitue un pilier économique. Actuellement, la Tunisie produit environ 120 000 tonnes de viandes rouges par an, alors que la demande nationale dépasse cette capacité, obligeant le pays à recourir aux importations pour combler le déficit. Cette réforme vise à augmenter la production locale de 15 à 20 % d’ici 2027, tout en garantissant une qualité optimale, conforme aux normes sanitaires et environnementales.

Perspectives et défis

Malgré ces avancées, plusieurs défis restent à relever pour assurer le succès de cette réforme. L’acceptabilité sociale et réglementaire constitue un enjeu majeur, car la mise en œuvre des réformes nécessite une sensibilisation accrue des acteurs de la filière ainsi qu’une adaptation du cadre juridique, notamment par une révision du Code de l’eau et des lois encadrant la commercialisation de la viande. Par ailleurs, la modernisation des infrastructures exige des investissements significatifs pour réhabiliter les abattoirs et les marchés à bestiaux afin qu’ils répondent aux normes internationales. Enfin, la question de la qualité et de la sécurité sanitaire demeure essentielle : il est impératif de garantir que les viandes rouges respectent les réglementations en vigueur afin d’éviter tout impact négatif sur la santé publique et sur la compétitivité du secteur.

Conclusion

Cette initiative marque une étape importante dans la modernisation du secteur des viandes rouges en Tunisie. En mobilisant les ressources des trois ministères, le pays cherche à renforcer sa sécurité alimentaire, stabiliser les prix et améliorer la compétitivité de la filière. La mise en œuvre efficace de ces mesures dépendra de l’engagement des acteurs locaux, de la coopération entre les institutions et d’une volonté politique forte pour assurer un développement structuré et durable du secteur.