Face aux défis du chômage des jeunes et à la nécessité de dynamiser le secteur agricole, plusieurs initiatives émergent en Tunisie pour stimuler l’investissement des jeunes agri-entrepreneurs. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en collaboration avec l’Institut National de la Recherche Agronomique de Tunisie (INRAT) et l’Agence de Promotion des Investissements Agricoles (APIA), a identifié des filières à fort potentiel et des mécanismes d’incitation pour encourager les jeunes à s’engager dans l’agriculture.
Un contexte marqué par le chômage et le potentiel agricole
En Tunisie, le taux de chômage des jeunes diplômés reste élevé, notamment dans les régions agricoles de l’intérieur du pays. Les gouvernorats de Kasserine, Siliana, Le Kef et Sidi Bouzid sont particulièrement touchés, avec des taux de chômage dépassant 30 % parmi les jeunes diplômés. Pourtant, ces régions disposent d’un fort potentiel agricole, notamment dans les filières de l’oléiculture, l’arboriculture fruitière, l’élevage et l’agriculture biologique.
Les principaux mécanismes d’incitation identifiés
Pour répondre aux défis liés à l’investissement des jeunes dans le secteur agricole, plusieurs mécanismes d’incitation ont été mis en avant pour leur offrir un cadre favorable. L’accès facilité au financement, recommandé par la FAO et l’APIA, prévoit la mise en place de fonds dédiés, assortis de taux d’intérêt réduits et de garanties adaptées, afin de lever les barrières financières qui freinent l’entrepreneuriat agricole. Par ailleurs, le Code d’Incitation aux Investissements permet aux jeunes agriculteurs de bénéficier d’une exonération fiscale totale sur leurs revenus pendant les cinq premières années, facilitant ainsi le démarrage de leurs activités.
En complément, l’accompagnement technique joue un rôle clé, avec la création de centres de formation spécialisés et le développement de programmes de mentorat, visant à structurer les projets et à intégrer les technologies agricoles modernes pour accroître leur compétitivité. Enfin, les filières innovantes, telles que l’agriculture biologique, l’agroécologie et les cultures sous serre, offrent de nouvelles opportunités grâce à une demande croissante sur les marchés internationaux, couplée à un soutien renforcé pour assurer leur essor.
Des résultats encourageants et des perspectives d’avenir
Les premières initiatives mises en place ont déjà montré des résultats prometteurs. Par exemple, le programme de soutien aux jeunes agriculteurs lancé en 2023 par l’APIA a permis de financer plus de 200 projets agricoles dans les gouvernorats de Sidi Bouzid et Kasserine, avec un investissement total dépassant 15 millions de dinars. Cependant, des défis subsistent, notamment en matière de simplification des procédures administratives et de renforcement des infrastructures rurales. La FAO et l’INRAT préconisent une approche intégrée, combinant financement, formation et accompagnement, pour garantir une insertion durable des jeunes dans le secteur agricole.
Conclusion
L’identification de mécanismes d’incitation pour les jeunes investisseurs agricoles représente une opportunité stratégique pour la Tunisie. En combinant soutien financier, incitations fiscales et accompagnement technique, le pays pourrait non seulement réduire le chômage des jeunes, mais aussi renforcer la souveraineté alimentaire et stimuler la croissance économique dans les régions rurales.