Les agriculteurs biologiques tunisiens bénéficieront désormais d’une réduction de 50 % sur les frais liés à l’usage de biopesticides, selon un arrêté officiel publié en septembre 2025. Cette mesure vise à encourager les pratiques durables et à alléger les charges financières des producteurs engagés dans l’agriculture biologique.

Une mesure incitative pour renforcer l’agriculture biologique

Dans le cadre de sa stratégie nationale pour le développement de l’agriculture durable, le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, en coordination avec le ministère des Finances, a publié un arrêté conjoint daté du 30 septembre 2025, officialisé dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT n°121). Ce texte prévoit une réduction de 50 % sur les redevances dues pour les opérations de contrôle phytosanitaire, les analyses, l’enregistrement et les essais de terrain, à condition que les agriculteurs utilisent des biopesticides homologués ou des produits autorisés dans la production biologique.

Des frais réduits sur les contrôles et les analyses

L’arrêté détaille les tarifs actualisés des contributions liées aux différentes étapes de validation des produits biologiques. Cela inclut :

• Les frais de contrôle phytosanitaire des cultures
• Les analyses chimiques et physico-chimiques des biopesticides
• L’enregistrement administratif des produits
• Les autorisations provisoires de vente de pesticides à usage agricole

Ces frais, désormais réduits de moitié, sont recouvrés au profit de l’État sur la base de titres légaux émis par les services compétents du ministère de l’Agriculture. Les recettes générées sont affectées au compte de protection des végétaux, inscrit dans le budget national, afin de financer les opérations de contrôle et d’analyse nécessaires à la sécurité phytosanitaire du pays.

Les biopesticides : une alternative écologique aux produits chimiques

Les biopesticides représentent une solution de lutte biologique respectueuse de l’environnement. Ils sont formulés à partir de micro-organismes naturels, d’extraits végétaux ou de substances organiques, et permettent de réduire l’impact toxique des pesticides chimiques sur les sols, les eaux et la biodiversité.  Cette mesure incitative vise à favoriser leur adoption à grande échelle, en levant les obstacles financiers liés à leur homologation et à leur utilisation. Elle s’inscrit dans une logique agroécologique, en cohérence avec les engagements internationaux de la Tunisie en matière de durabilité agricole.

Un soutien ciblé aux petits producteurs

Les frais de certification et d’analyse représentent souvent un frein majeur pour les petits exploitants agricoles, qui peinent à accéder aux marchés biologiques en raison de coûts élevés. En réduisant ces charges de 50 %, le gouvernement tunisien souhaite faciliter l’entrée des petits producteurs dans le secteur bio, tout en garantissant la qualité et la traçabilité des produits. Cette mesure devrait également stimuler la croissance de la surface cultivée en agriculture biologique, qui reste encore limitée malgré un fort potentiel. En 2024, la Tunisie comptait environ 30 000 hectares certifiés bio, avec un objectif de 50 000 hectares d’ici 2027.

Vers une agriculture plus compétitive et durable

Cette réforme marque une étape importante dans la modernisation du cadre réglementaire de l’agriculture biologique en Tunisie. Elle abroge l’ancien arrêté du 3 juin 2011, qui fixait les modalités de recouvrement des contributions liées aux pesticides. En simplifiant les procédures et en réduisant les coûts, le gouvernement espère renforcer la compétitivité des produits biologiques tunisiens, notamment sur les marchés européens, où la demande pour des produits durables est en forte croissance.