La région de Bouargoub, située dans le gouvernorat de Nabeul, est confrontée à une crise agricole majeure. La cochenille du cactus , un parasite redoutable, a détruit près de 500 hectares de figuiers de Barbarie, soit un tiers des 1 500 hectares cultivés dans cette zone, l’un des plus importants pôles de production en Tunisie. Cette invasion, qui s’est accélérée au cours des derniers mois, menace non seulement la biodiversité locale mais aussi l’économie rurale, fortement dépendante de cette culture. Les figuiers de Barbarie représentent une source de revenus essentielle pour de nombreuses familles, notamment dans les zones semi-arides où peu d’autres cultures prospèrent.
Un parasite tenace malgré les efforts de lutte
Malgré les campagnes de traitement intensives et l’introduction de coccinelles comme prédateurs naturels, la cochenille continue de se propager à grande vitesse. Les agriculteurs, impuissants face à l’ampleur des dégâts, sont contraints à l’arrachage massif des plantations pour tenter de contenir l’infestation. Ce parasite s’attaque aux raquettes du cactus, les recouvrant d’une masse blanche qui empêche la photosynthèse et finit par tuer la plante. Sa résistance aux traitements classiques et sa capacité à se multiplier rapidement en font un fléau difficile à éradiquer.
Témoignages et désespoir des agriculteurs
Sami Houeidi, président de l’Union locale de l’agriculture et de la pêche, a exprimé son inquiétude face à la situation : « Malgré les efforts déployés, la cochenille gagne du terrain. Beaucoup d’agriculteurs n’ont d’autre choix que de détruire leurs cultures pour éviter une propagation totale ». Ce désespoir est partagé par de nombreux exploitants, qui voient des années de travail réduites à néant. Certains envisagent même de se détourner définitivement de la culture du figuier de Barbarie, faute de solutions durables.
Réaction des autorités et plan d’urgence
Devant l’ampleur des dégâts causés par la cochenille du cactus à Bouargoub, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche s’est déplacé sur le terrain le 12 octobre 2025 afin de constater la situation de première main. Lors de sa visite, il a souligné la nécessité d’une action coordonnée et urgente, appelant notamment à l’accélération de l’arrachage des plants irrécupérables pour freiner la propagation du parasite. Il a également annoncé la mise en place d’un plan d’urgence national visant à contenir l’infestation et à soutenir les agriculteurs touchés. Parmi les mesures envisagées figurent le renforcement des campagnes de traitement biologique, la mise en quarantaine stricte des zones infectées, l’octroi d’un soutien financier aux exploitants sinistrés, ainsi que le lancement de programmes de recherche pour développer des variétés de figuiers de Barbarie résistantes à la cochenille. Ces initiatives visent à restaurer la filière et à renforcer la résilience du secteur agricole face aux menaces phytosanitaires.
Vers une résilience agricole durable
La crise de Bouargoub met en lumière la vulnérabilité des systèmes agricoles face aux parasites invasifs. Elle souligne la nécessité d’une approche préventive, fondée sur la surveillance phytosanitaire, la diversification des cultures et l’innovation agronomique. Des chercheurs tunisiens travaillent déjà sur le développement de variétés de figuiers de Barbarie résistantes à la cochenille, une piste prometteuse pour sauver cette filière stratégique.
Conclusion : une urgence agricole nationale
La destruction de 500 hectares de figuiers de Barbarie à Bouargoub représente bien plus qu’une perte locale : c’est un signal d’alarme pour l’ensemble du secteur agricole tunisien. La cochenille du cactus, si elle n’est pas maîtrisée rapidement, pourrait compromettre durablement une culture emblématique du pays. Une mobilisation rapide, coordonnée et soutenue est indispensable pour préserver les exploitations encore saines et restaurer la confiance des agriculteurs.
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