Le samedi 28 juin 2025, la Tunisie a franchi une nouvelle étape dans sa coopération avec l’Arabie saoudite. Le Fonds Saoudien pour le Développement (SFD) a signé un accord de prêt de 38 millions de dollars avec le ministère tunisien de l’Économie et de la Planification, représenté par le ministre Samir Abdelhafidh. La cérémonie s’est tenue à Tunis en présence de Sultan Al-Marshad, directeur général du SFD, et de l’ambassadeur saoudien en Tunisie, Dr. Abdulaziz bin Ali Al-Saqr.
Ce financement est destiné à la mise en œuvre d’un Oasis Hub dans le sud du pays, un projet ambitieux visant à revitaliser les zones rurales à travers une approche intégrée de développement durable.
Un projet à fort impact territorial
Le projet Oasis Hub s’inscrit dans une dynamique globale de développement territorial, articulée autour de la réhabilitation des terres agricoles, du renforcement des infrastructures rurales et de la lutte contre l’exode des populations vers les grandes villes. Il ambitionne notamment de revaloriser plus de 1 000 hectares de terres agricoles situées dans plusieurs gouvernorats stratégiques du sud tunisien, tels que Tataouine, Kébili et Médenine. Pour répondre aux besoins en eau des habitants et des cultures, 22 puits seront forés et équipés pour assurer l’irrigation et l’approvisionnement en eau potable. En parallèle, le projet prévoit la construction de plus de 285 logements adaptés aux familles rurales, contribuant ainsi à une meilleure stabilité sociale. Au-delà du logement, l’initiative mise sur la création d’infrastructures essentielles : routes modernes, réseaux d’eau potable et d’irrigation, mais aussi des centres à vocation éducative, agricole, culturelle et commerciale. L’ensemble de ces composantes vise à améliorer concrètement les conditions de vie des communautés locales tout en stimulant l’économie rurale, à travers la création d’emplois durables et la valorisation des ressources naturelles disponibles dans ces régions souvent marginalisées.
Une réponse aux défis socio-économiques du sud
Le sud tunisien, bien que riche en potentiel agricole et touristique, souffre depuis des décennies d’un déficit d’investissement public, d’un accès limité aux services de base et d’un taux de chômage élevé, notamment chez les jeunes. Le projet Oasis Hub vise à inverser cette tendance en créant un écosystème de développement intégré, centré sur l’agriculture durable, l’habitat décent et l’accès aux services. Selon les projections du ministère de l’Économie, ce projet pourrait générer plus de 1 500 emplois directs et indirects d’ici 2028, tout en contribuant à la sécurité alimentaire et à la résilience climatique des zones concernées.
Un partenariat de longue date entre la Tunisie et le SFD
Ce prêt s’inscrit dans une coopération historique entre la Tunisie et le Fonds Saoudien pour le Développement. Depuis 1975, le SFD a financé 32 projets en Tunisie, pour un montant total dépassant 1,2 milliard de dollars en prêts concessionnels, auxquels s’ajoutent plus de 105 millions de dollars de dons. Parmi les projets emblématiques soutenus par le SFD figurent la modernisation du réseau ferroviaire, la construction d’hôpitaux régionaux et le développement de zones industrielles. Le projet Oasis Hub marque cependant une première dans le domaine du développement rural intégré, avec une approche multisectorielle et participative.
Une vision durable et inclusive
Le concept d’Oasis Hub repose sur une vision holistique du développement rural, combinant agriculture, habitat, éducation, culture et services sociaux. Il s’inspire de modèles réussis dans d’autres régions arides du monde, notamment au Maroc et en Arabie saoudite, où des hubs similaires ont permis de stabiliser les populations rurales et de valoriser les savoir-faire locaux. En Tunisie, le projet prévoit également la mise en place de coopératives agricoles, de centres de formation pour les jeunes et de structures de gouvernance locale pour assurer la pérennité des investissements.
Perspectives et calendrier de mise en œuvre
Le ministère de l’Économie a annoncé que les travaux préparatoires débuteront au quatrième trimestre 2025, avec une phase pilote dans le gouvernorat de Kébili. L’ensemble du projet devrait s’étendre sur quatre ans, avec une évaluation intermédiaire prévue en 2027. Le suivi sera assuré par une cellule conjointe tuniso-saoudienne, chargée de veiller au respect des délais, à la qualité des infrastructures et à l’implication des communautés locales.