La Tunisie, confrontée à un stress hydrique croissant, met en place un programme ambitieux visant à irriguer 20 000 hectares de terres agricoles avec de l’eau traitée. Ce projet, élaboré en collaboration entre le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche et le ministère de l’Environnement, s’inscrit dans une stratégie globale de gestion durable des ressources en eau et de renforcement de la sécurité alimentaire.
Contexte du programme
Selon Hamadi El Habib, secrétaire d’État chargé des Ressources en eau, ce programme bénéficie du soutien de la Banque mondiale et vise à optimiser l’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation agricole. Son objectif principal est de réduire la pression sur les ressources hydriques conventionnelles, en particulier les eaux souterraines et de surface, tout en garantissant une production agricole stable et durable. L’initiative se concentre notamment sur les grandes cultures, les arbres fruitiers et les fourrages, assurant ainsi la viabilité des exploitations agricoles tout en intégrant des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
En parallèle, un autre programme prévoit l’irrigation de 11 500 hectares de terres domaniales avec des eaux usées traitées, en partenariat avec l’Italie. Ce projet cible principalement les terres publiques et s’inscrit dans une coopération bilatérale visant à améliorer la gestion des ressources hydriques et à promouvoir des pratiques agricoles durables.
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Perspectives et défis
Malgré ces avancées, plusieurs défis restent à relever. L’acceptabilité sociale et réglementaire constitue un enjeu majeur, car l’utilisation des eaux usées traitées pour l’irrigation nécessite une sensibilisation approfondie des agriculteurs ainsi qu’une adaptation du cadre juridique, notamment une révision du Code de l’eau. Par ailleurs, des investissements significatifs dans les infrastructures de transport et de distribution de l’eau traitée seront nécessaires pour assurer l’acheminement vers les zones agricoles ciblées. Enfin, la question de la qualité et de la sécurité sanitaire demeure cruciale : garantir que l’eau traitée respecte les normes environnementales et sanitaires est essentiel afin d’éviter tout impact négatif sur les cultures et les sols.
Conclusion
Ce programme d’irrigation de 20 000 hectares avec de l’eau traitée représente une avancée majeure pour la Tunisie dans sa quête de sécurité hydrique et alimentaire. En mobilisant des ressources alternatives et en renforçant la coopération internationale, le pays se positionne comme un acteur clé de la gestion durable de l’eau en Afrique du Nord.