La Tunisie s’impose aujourd’hui comme un acteur incontournable de l’oléiculture mondiale. Selon les déclarations officielles du ministre de l’Agriculture, Ezzeddine Ben Cheikh, faites le 17 juin 2025, le pays détient 20 % des surfaces mondiales consacrées à la culture de l’olivier, soit environ 1,8 million d’hectares répartis sur l’ensemble du territoire national. Cette proportion place la Tunisie au premier rang des pays non européens en termes de superficie oléicole, juste derrière l’Espagne, l’Italie et la Grèce.
Les principales zones de culture s’étendent du nord au sud, avec une forte concentration dans les gouvernorats de Sfax, Kairouan, Sidi Bouzid, Médenine et Tataouine. Ces régions, souvent arides ou semi-arides, trouvent dans l’olivier une culture parfaitement adaptée aux conditions climatiques locales, contribuant à la lutte contre la désertification et à la préservation des sols.
Une production en constante évolution
Sur la dernière décennie, la Tunisie a enregistré une production moyenne annuelle de 230 000 tonnes d’huile d’olive, avec des pics atteignant 340 000 tonnes en 2025, selon les prévisions du ministère. Cette performance place le pays au quatrième rang mondial des producteurs, derrière les géants européens, et au troisième rang des exportateurs, avec une moyenne de 200 000 tonnes exportées par an. En 2025, au cours des six premiers mois, 195 000 tonnes d’huile d’olive ont déjà été exportées vers plus de 60 pays, dont 40 000 tonnes d’huile biologique, confirmant la montée en puissance de la Tunisie sur les marchés à forte valeur ajoutée.
Une filière stratégique pour l’économie nationale
Le secteur oléicole représente 45 % des recettes d’exportation des produits agroalimentaires tunisiens, ce qui en fait un pilier de l’économie agricole du pays. Il génère également environ 50 millions de journées de travail par an, selon les données du Conseil oléicole international, et constitue une source de revenus essentielle pour plus de 300 000 familles rurales. L’huile d’olive tunisienne est majoritairement exportée en vrac, mais les efforts récents visent à augmenter la part de l’huile conditionnée. En 2025, 13 % des exportations concernaient des huiles conditionnées, soit 26 000 tonnes sur les sept premiers mois, contre 28 000 tonnes pour toute l’année précédente. Cette évolution traduit une volonté de valorisation accrue du produit à l’international.
Une reconnaissance internationale croissante
L’huile d’olive tunisienne est régulièrement primée dans les concours internationaux, grâce à ses caractéristiques gustatives uniques, issues de variétés locales comme la Chemlali et la Chetoui. Ces distinctions renforcent la notoriété du label tunisien et ouvrent la voie à une meilleure valorisation sur les marchés étrangers. Le gouvernement tunisien, à travers l’Office National de l’Huile (ONH), multiplie les initiatives pour améliorer la qualité, renforcer la traçabilité et promouvoir l’huile d’olive conditionnée. Des campagnes de certification biologique, de formation des producteurs et de modernisation des huileries sont en cours dans plusieurs régions.
Enjeux et perspectives
Malgré ces succès, le secteur fait face à des défis majeurs : changement climatique, vieillissement des oliveraies, faibles rendements dans certaines zones, et dépendance aux marchés extérieurs. Pour y répondre, la Tunisie mise sur l’innovation agronomique, la diversification des débouchés (notamment en Asie et en Amérique du Nord), et la montée en gamme de ses produits. L’objectif à moyen terme est clair : renforcer la souveraineté oléicole, accroître la valeur ajoutée locale, et faire de l’huile d’olive tunisienne un produit emblématique du terroir national, reconnu et recherché à l’échelle mondiale.