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dimanche 15 juin 2025
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MIQYES 2025 : l’écologie reste marginale dans les budgets des PME tunisiennes

Le 10 juin 2025, à l’occasion de la présentation du baromètre national MIQYES dans un hôtel de Tunis, la Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie (CONECT) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ont levé le voile sur l’état d’engagement environnemental des petites et moyennes entreprises (PME) tunisiennes. L’édition 2025 de cette enquête, réalisée auprès de 233 PME réparties dans les 24 gouvernorats entre janvier et avril, révèle que près de 75 % d’entre elles investissent moins de 5 % de leur budget dans des actions environnementales.

Dans un contexte mondial de transition écologique accélérée, ce chiffre interpelle. D’autant que 63 % des entreprises sondées n’utilisent aucun référentiel pour évaluer leur impact environnemental ou social, freinant leur capacité à planifier des démarches RSE durables.

Un tissu entrepreneurial diversifié, mais peu structuré écologiquement

Les PME interrogées évoluent principalement dans l’industrie (50,6 %), suivie des services (34,8 %) et du commerce/agriculture (14,6 %). Bien que l’ancienneté moyenne soit de 21 ans, seule une minorité applique des pratiques en faveur de l’environnement : 20 % ont réalisé un bilan carbone, et seulement 7,6 % utilisent significativement des énergies renouvelables, selon les résultats du rapport. Les postes d’émissions les plus fréquents identifiés concernent l’activité industrielle (115 entreprises), le transport (80), la consommation d’électricité (54), la production de chaleur (42) et les déchets (25). Mais dans la grande majorité des cas, aucune stratégie d’atténuation n’est mise en œuvre de manière formalisée.

Un financement restreint, majoritairement sur fonds propres

L’étude met en lumière le frein majeur à l’action environnementale : le financement. Plus de la moitié des PME (52 %) autofinancent leurs initiatives écologiques, tandis que les crédits bancaires, subventions publiques ou fonds verts restent très peu mobilisés. La faible bancarisation de certaines structures, les procédures administratives jugées trop lourdes, ainsi qu’une méconnaissance des mécanismes de financement disponibles limitent l’accès des PME aux instruments de la finance durable.

Une communication insuffisante sur les engagements ESG

L’autre point préoccupant réside dans la communication : près de 43 % des entreprises n’informent pas leurs parties prenantes de leurs actions ou performances environnementales. L’absence de transparence affaiblit leur positionnement face à des marchés internationaux de plus en plus exigeants en matière de critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance). L’étude souligne que seules les entreprises les plus jeunes (moins de 10 ans) ou les plus matures (plus de 20 ans) semblent davantage engagées dans des démarches environnementales structurées, notamment via l’adoption d’outils de reporting extra-financier.

Des signaux d’évolution dans certaines régions

Un léger contraste apparaît selon les zones géographiques. Les entreprises basées dans le Grand Tunis affichent des niveaux d’investissement environnemental légèrement supérieurs, portées par la pression réglementaire et la proximité des acteurs de l’innovation et du financement. D’autres foyers de dynamisme émergent dans les pôles industriels du Sahel ou dans les zones exportatrices du Cap Bon. La CONECT et le PNUD ont profité de la présentation pour annoncer un programme d’accompagnement technique et financier, visant à sensibiliser les PME aux bonnes pratiques de durabilité et à les aider à structurer leurs démarches RSE.

Vers une transition verte inclusive

Le rapport MIQYES 2025 conclut à la nécessité d’un changement de paradigme : pour intégrer pleinement la transition écologique, les PME tunisiennes doivent bénéficier d’un cadre incitatif plus clair, d’un accès facilité au financement vert, et d’un accompagnement renforcé sur le terrain. Cela implique également un effort de territorialisation, pour que les entreprises des régions de l’intérieur, souvent moins dotées, puissent elles aussi bénéficier des opportunités de la croissance verte.

À l’issue de la rencontre, les experts ont rappelé que la transition écologique ne se fera pas sans les PME, qui représentent plus de 90 % du tissu économique tunisien. Une mobilisation nationale est nécessaire pour faire de la durabilité non pas un coût, mais un avantage compétitif à long terme.

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