Face aux défis environnementaux majeurs tels que le changement climatique, la dégradation des sols et la raréfaction des ressources hydriques, la Tunisie met en place des stratégies ambitieuses pour transformer ses pratiques agricoles et halieutiques. Le programme ADAPT – Appui au Développement durable dans le secteur de l’Agriculture et de la Pêche artisanale, financé par l’Union Européenne, s’inscrit dans cette démarche en analysant six systèmes de production afin de proposer des alternatives durables et résilientes.
Les six systèmes de production analysés
L’étude menée dans le cadre du programme ADAPT a examiné les performances environnementales et économiques de six systèmes agroalimentaires tunisiens. Chaque modèle repose sur des logiques spécifiques de production et de gestion des ressources, adaptées aux particularités du territoire.
- Mixte élevage et grandes cultures : Courant dans le nord et le centre, ce modèle optimise les ressources en combinant culture céréalière et élevage, garantissant diversification et rentabilité
- Oasien : Spécifique au sud, il repose sur les palmiers-dattiers et les cultures maraîchères. La gestion de l’eau devient cruciale face à la salinisation des sols.
- Oléicole : Pilier économique des régions de Sfax, Kairouan et Tataouine, l’olivier souffre de variations de production et de maladies. L’agroécologie apparaît comme une solution durable.
- Agro-industriel : Centré sur les cultures maraîchères et la production laitière, ce modèle intégré aux chaînes de valeur doit réduire l’usage d’intrants chimiques pour limiter son impact écologique.
- Agro-sylvo-pastoral : Implanté dans les zones montagneuses, il associe agriculture, élevage et exploitation forestière, jouant un rôle clé dans la préservation de la biodiversité et des sols.
- Pêche et aquaculture : Avec plus de 1 300 km de littoral, ce secteur vital est fragilisé par la surexploitation et la pollution. L’innovation et la diversification des espèces élevées s’imposent.
Un atelier de restitution pour mobiliser les acteurs
Le 8 mai 2025, un atelier de restitution a été organisé à Tunis afin de présenter les résultats des analyses documentaires et d’engager une discussion autour des indicateurs de durabilité. Cette rencontre a permis d’échanger sur les défis des différents systèmes agricoles et de proposer des pistes concrètes pour accélérer la transition écologique. Des représentants du ministère de l’Agriculture, des organismes de financement et des institutions de recherche ont participé à cet atelier. Les discussions ont mis en évidence la nécessité de renforcer les mécanismes de suivi des performances environnementales et économiques et de sensibiliser les parties prenantes aux pratiques agricoles durables.
Un soutien européen pour la transition écologique
Le programme ADAPT, soutenu par l’Union Européenne avec un financement de 70 millions d’euros, vise à promouvoir un développement agricole et halieutique fondé sur des principes de durabilité. En novembre 2022, une convention entre l’IRESA et l’AICS a été signée pour mettre en place un système d’évaluation des impacts environnementaux et économiques. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large de moderniser l’agriculture tunisienne tout en préservant les ressources naturelles. Elle contribue également à faciliter l’accès aux financements verts pour les exploitants et à promouvoir des modèles de production innovants.
Perspectives et Recommandations
Les analyses menées dans le cadre du programme ADAPT ont permis de dégager plusieurs recommandations stratégiques visant à renforcer la durabilité du secteur agroalimentaire tunisien. Il est essentiel d’accompagner les agriculteurs dans leur transition vers des pratiques agroécologiques, en mettant à leur disposition des formations adaptées et des technologies innovantes pour optimiser leur production tout en préservant les ressources naturelles. Par ailleurs, l’accès aux financements verts doit être facilité afin d’encourager l’investissement dans des modèles agricoles durables et innovants. La diversification des cultures et des pratiques agricoles constitue également un enjeu majeur, notamment par le biais de collaborations renforcées entre les agriculteurs, les instituts de recherche et les structures de coopération internationale. Grâce à ces mesures, la Tunisie affirme son engagement en faveur de la transition écologique et de la modernisation de son agriculture, consolidant ainsi sa position de leader régional en matière de développement durable.