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mardi 2 décembre 2025
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Gestion durable des boues résiduaires : vers une stratégie nationale intégrée et innovante

Le 13 octobre 2025, un atelier national consacré à la gestion des boues résiduaires s’est tenu à Tunis, sous l’égide de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Cet événement a réuni des experts, des représentants institutionnels et des acteurs du secteur agricole pour discuter des enjeux et des opportunités liés à la valorisation de ces résidus issus du traitement des eaux usées. Dans un contexte de transition vers une économie circulaire, la Tunisie intensifie ses efforts pour transformer ce défi environnemental en levier de développement durable.

Les boues résiduaires : un défi environnemental majeur

Les boues résiduaires, produites en grande quantité par les stations d’épuration, posent un problème de gestion complexe. Leur stockage prolongé peut entraîner des risques sanitaires, des nuisances olfactives et une pollution des sols et des nappes phréatiques. Face à l’augmentation continue de ces volumes, la Tunisie se trouve confrontée à une urgence environnementale qui nécessite des solutions innovantes et durables. L’atelier national a permis de dresser un état des lieux des pratiques actuelles et de souligner les lacunes en matière de traitement, de transport et de valorisation des boues. Les intervenants ont insisté sur la nécessité d’une approche intégrée, combinant expertise technique, cadre réglementaire adapté et sensibilisation des parties prenantes.

Une opportunité pour l’agriculture durable

Au-delà des contraintes, les boues résiduaires représentent une ressource précieuse pour l’agriculture. Riches en matière organique et en nutriments, elles peuvent être utilisées comme amendement pour améliorer la fertilité des sols, réduire la dépendance aux engrais chimiques et renforcer la résilience des systèmes agricoles face aux changements climatiques. Selon la FAO, la valorisation agricole des boues permettrait non seulement de réduire les coûts de production pour les agriculteurs, mais aussi de limiter l’impact environnemental des pratiques agricoles intensives. Cette approche s’inscrit pleinement dans les principes de l’économie circulaire, qui vise à transformer les déchets en ressources utiles.

Engagement institutionnel et cadre réglementaire

L’atelier a mis en lumière le rôle central des institutions publiques dans la mise en œuvre d’une stratégie nationale de gestion des boues. Le ministère de l’Agriculture, en collaboration avec le ministère de l’Environnement, travaille à l’élaboration d’un cadre réglementaire clair pour encadrer la collecte, le traitement et l’utilisation des boues en agriculture. Des représentants de l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE) et de l’Office national de l’assainissement (ONAS) ont présenté des projets pilotes visant à tester différentes méthodes de valorisation, notamment le compostage, la co-digestion et l’épandage contrôlé. Ces initiatives pourraient servir de modèle pour une généralisation à l’échelle nationale.

Innovation et recherche scientifique

La réussite de la valorisation des boues dépend également de l’innovation technologique et de la recherche scientifique. Plusieurs laboratoires universitaires et centres de recherche tunisiens collaborent avec la FAO pour développer des protocoles de traitement adaptés aux spécificités locales. Des études sont en cours pour évaluer l’impact agronomique des boues sur différents types de sols, leur compatibilité avec les cultures locales et les risques éventuels liés à la présence de métaux lourds ou de agents pathogènes. Ces travaux sont essentiels pour garantir la sécurité sanitaire et environnementale de l’utilisation des boues en agriculture.

Vers une mobilisation multisectorielle

L’atelier a également souligné l’importance d’une mobilisation multisectorielle. Au-delà des institutions publiques, les collectivités locales, les agriculteurs, les entreprises de traitement des déchets et les organisations de la société civile ont un rôle à jouer dans la mise en œuvre de solutions durables. Des partenariats public-privé sont envisagés pour développer des unités de traitement décentralisées, faciliter la logistique de transport et créer des circuits de distribution des boues valorisées. L’implication des agriculteurs est cruciale pour assurer l’acceptabilité sociale et économique de ces pratiques.

Perspectives et recommandations

À l’issue de l’atelier, plusieurs recommandations stratégiques ont été formulées afin de renforcer l’intégration de cette problématique dans les politiques agricoles et environnementales du pays. Les participants ont souligné la nécessité d’élaborer une stratégie nationale de valorisation des boues, alignée sur les principes de l’économie circulaire et adaptée aux réalités locales. Il a également été recommandé de renforcer les capacités techniques des acteurs territoriaux, notamment par le biais de programmes de formation et d’accompagnement ciblés. Par ailleurs, la mise en place d’un système de suivi et d’évaluation des impacts environnementaux et agronomiques a été jugée essentielle pour garantir la sécurité et l’efficacité des pratiques de valorisation. Enfin, les experts ont insisté sur l’importance de promouvoir l’innovation et la recherche appliquée, afin de développer des technologies de traitement adaptées aux spécificités tunisiennes et de favoriser leur adoption à grande échelle.

Conclusion

La gestion des boues résiduaires s’impose comme un enjeu stratégique pour la Tunisie, à la croisée des chemins entre agriculture durable, économie circulaire et protection de l’environnement. L’atelier national du 13 octobre 2025 a marqué une étape importante dans la construction d’une vision partagée et d’une dynamique collective. En valorisant ces résidus, la Tunisie peut transformer un défi en opportunité, tout en contribuant à la transition écologique de son secteur agricole.

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