Alors que la résurgence du criquet pèlerin inquiète plusieurs pays d’Afrique du Nord et du Sahel, Tunis a accueilli, le 5 mai 2025, un atelier stratégique visant à élaborer un plan d’action régional opérationnel. Organisé par la FAO via la Commission de Lutte contre le Criquet Pèlerin dans la Région Occidentale (CLCPRO), cet événement a réuni les représentants de 11 pays directement concernés par cette menace agricole : Algérie, Burkina Faso, Gambie, Libye, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad et Tunisie.

Une résurgence exceptionnelle et des zones touchées

Depuis décembre 2024, une dynamique acridienne atypique a été observée, avec des infiltrations importantes de groupes matures dans l’extrême sud de l’Algérie, avant de s’étendre progressivement vers la Libye, la Tunisie et le Maroc. La Tunisie, bien que classée comme pays d’invasion, a récemment enregistré des groupes de criquets pèlerins dans le sud du pays, nécessitant une intervention rapide. À ce jour, 4 900 hectares ont été traités, dont 2 500 hectares par voie aérienne, grâce à la mobilisation de moyens logistiques incluant un hélicoptère.

Face à cette menace, les pays membres de la CLCPRO ont défini une série de mesures pour endiguer la résurgence acridienne et minimiser ses impacts sur l’agriculture régionale. L’activation du Fonds régional de gestion du risque acridien (FRGRA) permettra de financer les opérations d’urgence, tandis que les dispositifs nationaux seront renforcés avec des transferts de véhicules, de pesticides et de matériel de pulvérisation. En parallèle, des missions d’évaluation et des formations techniques seront organisées afin d’améliorer la coordination et l’efficacité des interventions. De plus, un suivi rigoureux des migrations acridiennes sera mis en place afin d’anticiper les vols de retour des essaims durant la saison estivale, une période critique pour la reproduction des criquets.

Un défi climatique et logistique

Les experts présents à l’atelier ont souligné que cette résurgence acridienne est inhabituelle, favorisée par des conditions écologiques propices et l’inaccessibilité de certaines zones du Sahel, ce qui a permis la multiplication et la migration des essaims. Le ministre tunisien de l’Agriculture, a rappelé l’importance de la coopération régionale pour préserver les cultures vulnérables et éviter des pertes agricoles majeures. Il a insisté sur la nécessité de partager les expertises et coordonner les interventions pour une réponse efficace.

Perspectives et prochaines étapes

L’atelier de Tunis marque une avancée significative dans la lutte contre la résurgence acridienne. Les pays membres de la CLCPRO espèrent que ce plan d’action régional permettra de réduire l’impact des essaims et de préserver la sécurité alimentaire dans la région. Avec plus de 70 000 hectares déjà traités grâce aux dispositifs nationaux et au soutien logistique de la FAO, la mobilisation reste essentielle pour contenir cette menace avant la période estivale 2025.