La Tunisie fait face depuis plusieurs années à un défi majeur : la gestion durable de ses ressources en eau dans un contexte de stress hydrique croissant. Les précipitations enregistrées au début du mois de décembre 2025 apportent une lueur d’espoir. Selon Faiez Msallem, directeur général des barrages et des grands ouvrages hydrauliques au ministère de l’Agriculture, les barrages du Nord ont accumulé 51 millions de m³ d’eau en seulement huit jours, un apport qualifié de « rassurant » pour la saison en cours.

Sécurité hydrique en Tunisie : un apport de 200 millions de m³ depuis l’automne

Depuis le début de l’automne, les barrages du Nord ont collecté 200 millions de m³ d’eau, ce qui représente une amélioration significative par rapport aux années précédentes. Les principaux ouvrages hydrauliques de la région ont vu leurs réserves augmenter de manière notable :

• Le barrage de Sidi El Barrak est passé de 74 à 148 millions de m³.
• Le barrage de Sidi Salem a progressé de 92 à 122 millions de m³.
• Le barrage de Kasseb a vu ses réserves croître de 19 à 24,6 millions de m³.

Ces données confirment que les apports hydriques récents ont permis de sécuriser l’approvisionnement en eau potable pour les populations, et pourraient, si les pluies se poursuivent, garantir également les besoins en irrigation agricole.

Gestion durable de l’eau en Tunisie face au stress hydrique

Bien que ces chiffres soient encourageants, les autorités rappellent que la situation demeure fragile. Le secrétaire d’État chargé des ressources hydriques, Hamadi Habib, a récemment souligné que malgré l’amélioration constatée en 2024-2025, la Tunisie reste confrontée à des variations climatiques imprévisibles et à une pression croissante sur ses ressources. La stratégie nationale vise à renforcer la résilience du pays face à ces défis. Plusieurs zones déficitaires ont été reliées à des réseaux voisins afin d’optimiser la distribution de l’eau. Cette approche proactive s’inscrit dans le cadre du plan d’adaptation climatique et de sécurité alimentaire, élaboré en partenariat avec la FAO et financé par le Fonds vert pour le climat.

Impact économique et social de la disponibilité des réserves hydriques

L’eau constitue un pilier essentiel de la stabilité économique et sociale de la Tunisie, car la disponibilité des réserves conditionne à la fois l’accès des ménages à l’eau potable et la pérennité de l’agriculture, secteur vital pour l’économie nationale. Les apports hydriques récents offrent une opportunité de relancer les cultures irriguées, de soutenir les producteurs et de limiter les tensions sociales liées à la rareté de l’eau, tout en renforçant la sécurité alimentaire grâce à une gestion stratégique des barrages qui permet de réduire la dépendance aux importations et de consolider la souveraineté nationale. Toutefois, les experts insistent sur la nécessité de transformer ces avancées ponctuelles en une stratégie durable, reposant sur la modernisation des infrastructures hydrauliques pour accroître la capacité de stockage et réduire les pertes, la digitalisation de la gestion de l’eau afin d’assurer un suivi en temps réel des réserves et des besoins, ainsi que le développement de solutions innovantes telles que la réutilisation des eaux usées traitées pour l’agriculture. Combinées à une gouvernance renforcée, ces mesures permettraient à la Tunisie d’anticiper plus efficacement les crises hydriques et de garantir une gestion pérenne de ses ressources, assurant ainsi un équilibre durable entre besoins sociaux, exigences économiques et impératifs environnementaux.

Conclusion

Les apports hydriques exceptionnels enregistrés en décembre 2025 constituent une avancée significative pour la sécurité hydrique de la Tunisie. Toutefois, cette amélioration ponctuelle doit être consolidée par des politiques de long terme, intégrant modernisation, innovation et coopération internationale. La Tunisie se trouve face à une opportunité : transformer cette embellie en un véritable levier de résilience face aux défis climatiques et socio-économiques