Depuis le début du printemps 2025, la Tunisie a été confrontée à une recrudescence de criquets pèlerins dans plusieurs régions du sud. Ces insectes, connus pour leur voracité et leur capacité à former des essaims dévastateurs, ont nécessité une mobilisation rapide et coordonnée des autorités agricoles. Aujourd’hui, grâce à une série d’interventions ciblées, la situation est officiellement considérée comme stabilisée, selon les déclarations du ministère de l’Agriculture en date du 18 juin 2025.
Une apparition soudaine : retour des criquets pèlerins en mars 2025
C’est le 12 mars 2025 que les premiers groupes de criquets pèlerins ont été signalés dans le sud tunisien, notamment dans les gouvernorats de Tataouine, Médenine, Kébili, Tozeur et Gabès. Ces régions, caractérisées par des conditions climatiques arides et semi-arides, sont historiquement vulnérables à ce type d’invasion. L’arrivée des criquets a été favorisée par des conditions météorologiques spécifiques, notamment des précipitations au Sahel africain et une faible humidité des sols sableux dans le sud tunisien.
Une riposte rapide et massive
Face à cette menace, les services centraux et régionaux du ministère de l’Agriculture ont lancé une campagne de lutte intensive. Jusqu’au 16 juin 2025, environ 21 500 hectares ont été traités, dont 5 770 hectares par voie aérienne, à l’aide d’hélicoptères spécialisés. Ces traitements ont ciblé les criquets à tous les stades de développement, des larves aux jeunes ailés, afin de limiter leur reproduction et leur dispersion. Les opérations ont été menées en étroite coordination avec les unités de la Direction générale de la Santé Végétale et du Contrôle des Intrants Agricoles, mobilisant des équipes techniques, du matériel de pulvérisation terrestre et aérienne, ainsi que des moyens logistiques fournis en partie par des partenaires régionaux.
Une coopération régionale renforcée
La Tunisie n’a pas agi seule. Elle a bénéficié du soutien de pays voisins comme l’Algérie et la Mauritanie, qui ont apporté une aide logistique précieuse. Par ailleurs, la FAO, à travers la Commission de Lutte contre le Criquet Pèlerin dans la Région Occidentale (CLCPRO), a organisé début mai 2025 à Tunis un atelier régional pour élaborer un plan d’action commun face à la résurgence acridienne dans la région. Cet événement a réuni les représentants de onze pays membres, dont la Tunisie, et a permis de renforcer la coordination des efforts de surveillance et de lutte préventive.
Une stabilisation fragile mais encourageante
Au 19 juin 2025, la situation est officiellement qualifiée de « stable » par les autorités tunisiennes. Cette stabilisation est attribuée à l’efficacité des traitements, mais aussi à des facteurs naturels tels que le dessèchement de la végétation et la faible humidité des sols, qui limitent la reproduction des criquets. Cependant, les experts appellent à la vigilance. La surveillance continue reste indispensable, car les criquets pèlerins peuvent se déplacer sur de longues distances et se reproduire rapidement. Selon la FAO, chaque nouvelle génération peut être jusqu’à 20 fois plus nombreuse que la précédente, ce qui rend la menace potentiellement explosive si elle n’est pas maîtrisée à temps.
Perspectives et recommandations
La Tunisie, bien qu’elle ne soit pas touchée chaque année par des invasions acridiennes, est classée comme pays d’invasion par la CLCPRO. Cela implique une responsabilité particulière en matière de surveillance et de prévention. Le renforcement des capacités locales, la formation des agents de terrain, l’investissement dans les technologies de détection précoce et la coopération régionale sont autant de leviers à consolider pour faire face aux futures menaces.
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