Entre le 1er et le 15 juin 2025, la Tunisie a enregistré 121 foyers d’incendie, ravageant plus de 200 hectares de terres agricoles et de forêts à travers le pays. Ce chiffre, alarmant par son ampleur et sa rapidité, a été communiqué par le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche lors d’une réunion de crise tenue le lundi 16 juin à Tunis.

Les zones les plus touchées incluent les régions du nord-ouest et du centre-ouest, notamment les gouvernorats de Jendouba, Béja, Siliana et Kasserine, où les températures élevées et les vents secs ont favorisé la propagation rapide des flammes. Les pertes concernent principalement des cultures céréalières en pleine période de moisson, ainsi que des surfaces forestières fragiles.

Une réponse ministérielle immédiate

Face à cette situation critique, le ministre de l’Agriculture, Ezzedine Bencheikh, a appelé à la mise en œuvre d’un plan d’action urgent et concret. Lors de la réunion du 16 juin, il a insisté sur la nécessité de renforcer la coordination interinstitutionnelle, mobiliser les moyens humains et logistiques, et intensifier les actions de terrain pour contenir les risques. Le ministre a souligné que la protection des récoltes céréalières et du couvert forestier constitue une priorité nationale. Il a rappelé que la réussite de la campagne agricole actuelle dépend d’une vigilance collective et d’une implication active de tous les acteurs, y compris les citoyens, les agriculteurs, les autorités locales et les services de la protection civile.

Des mesures concrètes annoncées

Parmi les mesures immédiates décidées figurent la création de commissions d’enquête conjointes pour déterminer les causes des incendies, la mise en place d’un dispositif opérationnel 24h/24, et le renforcement des campagnes de sensibilisation auprès des populations rurales. Le ministère a également ordonné l’inspection systématique des machines agricoles, souvent à l’origine de départs de feu accidentels, et le nettoyage des abords de routes et des zones sensibles en collaboration avec le ministère de l’Équipement. Des comités régionaux mixtes ont été chargés de suivre le déroulement de la moisson et de veiller au respect des consignes de sécurité.

Une saison agricole sous haute tension

La période de juin à août est traditionnellement marquée par un risque élevé d’incendies en Tunisie, en raison des conditions climatiques extrêmes. En 2024, le pays avait déjà enregistré plus de 300 incendies sur l’ensemble de la saison estivale, détruisant près de 1 000 hectares de cultures et de forêts. Le rythme observé en 2025 laisse craindre une aggravation de cette tendance si des mesures fortes ne sont pas appliquées rapidement. Les pertes agricoles ne se limitent pas aux surfaces brûlées : elles affectent également la qualité des récoltes, la biodiversité, et la stabilité économique des agriculteurs. Dans certaines zones, comme à Fernana (Jendouba) ou à Makthar (Siliana), des exploitants ont vu leurs champs de blé et d’orge réduits en cendres à quelques jours de la récolte.

Un appel à la responsabilité collective

Le ministère a lancé un appel à la vigilance maximale, exhortant les citoyens à signaler tout départ de feu, à éviter les comportements à risque (feux de broussailles, mégots jetés, brûlage de déchets), et à coopérer avec les autorités locales. La protection du patrimoine forestier et agricole est désormais considérée comme un enjeu de sécurité nationale. Le ministre Bencheikh a conclu en affirmant que le gouvernement poursuivra ses efforts de prévention et d’intervention, en partenariat avec les gouvernorats, les forces de sécurité et les institutions de la protection civile. Il a également évoqué la nécessité d’un cadre législatif renforcé pour sanctionner les actes de négligence ou de malveillance liés aux incendies.